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L'homme qui n'a pas d'étoile
22 octobre 2007

UNE EMPLOYEE MODELE

Aujourd'hui, je continue sur la rubrique d'histoire vraie. Bien sûr, comme la première, j'ai changé les lieux et les noms des personnes concernées. Voici l'histoire de Madeleine.

Madeleine était une femme de 50 ans. Elle était aide-documentaliste d'un centre de documentation dans une grande bibliothèque administrative dans la capitale régionale. Elle se dévouait complètement à son métier avec un grand professionnalisme. Pourtant sur sa fiche de paye, il n'était pas indiqué qu'elle était aide-documentaliste, parce qu'elle était en contrat précaire. Ce contrat portait un très beau nom : Contrat Emploi Solidarité, appeler aussi CES. C'est ce qui était signaler sur sa fiche de paye dans la case profession : CES. Bien sûr, elle était un peu triste du manque de considération que l'administration lui témoignait. Mais, elle gardait le sourire et sa gentillesse et sa serviabilité légendaire auprès du public.
Madeleine n'avait plus de mari. Alors elle aimait rester faire des heures qui n'étaient pas payer. La direction appréciait qu'elle reste pour faire une ou deux heure de plus, alors que la loi exigeait qu'elle ne fasse que 20 heures par semaine. Elle en faisait parfois 30, voir 37. Lorsqu'une de ses collègues manquaient ou devaient s'absenter pour rattraper une heure ou faire une course en ville, elle la remplaçait volontiers. Elle avait le coeur sur la main.
Les contrats emplois solidarité n'étaient que des contrats précaires et une façon de profiter du malheur des demandeurs d'emplois. C'était des contrats qui étaient de véritables scandales. Une honte pour notre pays. Un profit que l'administration française et les associations se servaient pour faire du fric sur le dos des chômeurs. Une invention des gouvernements socialistes et libéraux qui se sont partagé le pouvoir pendant des années et cela continue encore aujourd'hui.
Des contrats de merde et qui ne donnait à la personne aucun statut ni reconnaissance. Une belle farce et un foutage de gueule monumental. Mais, j'arrête là mon opinion politique, pas pour les technocrates libéraux-socialistes, mais par respect pour Madeleine.
Pourquoi toute cette histoire est au passé ?
Et bien...
Un mâtin, on apprend à Madeleine que pour elle c'est fini. Elle avait fait deux années de contrat et ce n'était plus possible pour la direction administrative de la garder. Ce fut comme un coup de marteau donner sur la tête de Madeleine. Elle avait été une bonne recrue, une bonne employée. Et comme remerciement ? La porte. Alors Madeleine était comme assommée, abattue, finie. Mais elle continuait honnêtement son travail jusqu'au 24 décembre. Un cadeau de Noël en somme. Comment allait-elle faire ? Elle allait se retrouver dans son appartement avec une allocation de solidarité spécifique pour tout payer. Bien sûr, elle ne gagnait pas l'or à la cuillère en travaillant dans ce centre de documentation, mais au moins, elle avait une importance, même si la direction ne le reconnaissait pas.
La direction aurait pu la garder. Elle ne volait pas son salaire. Mais la direction de cette grande bibliothèque administrative n'était qu'une usine à pressée la misère humaine. Ses collègues auraient pu dire quelque chose. La directrice aurait pu intervenir. Mais non. Rien de tout ça.
Alors un soir, en quittant son travail, elle allait prendre son tram pour rentrer chez elle retrouver son petit chat qui était son seul compagnon.
Mais elle ne rentra pas chez elle. Le lendemain on apprenait qu'elle avait finalement pris une décision.
Elle s'était jeter sous les roues du tram.
Voilà la triste fin de l'histoire de Madeleine. Je vous rappelle qu'elle est réelle.

Je devrai terminer sur ces mots. Mais à cette époque, je travaillais pour cette administration en contrat vacataire. Je peux seulement vous dire que ses collègues qui étaient bien contant lorsqu'elle les remplaçait n'ont même pas eu de regrets. Il n'y en a eu que trois qui ont témoigner de leur peines. J'avais beaucoup d'estime pour elle. C'était une femme d'une grande intelligence, d'une générosité immense et d'un professionnalisme qui aurait mérité une plus grande attention et intention de la part de ses employeurs.
Je dédie ce post à sa mémoire.

Toi qui n'avait pas d'ange du ciel, ma douce Madeleine, il serait à craindre qu'un ange de l'enfer brûle un jour la direction de cette grande bibliothèque administrative pour, à défaut de leurs réchauffer le coeur, réduire en cendres leurs os puants...

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Commentaires
K
Marginal- Merci pour ton commentaire. Ce que tu écris m'inquiète beaucoup. Vous êtes nombreux(euses) à m'inquièter par vos commentaires et les mails que vous m'écrivez. Il ne faut pas penser à la vengeance gratuite. Je vais répondre au mail que tu m'as écrit. Mais ne fait pas de bêtise Marginal, tu dois penser à l'avenir et lire mon blog comme une réflexion et non un blog qui appel a une vengeance ou une guerre contre telle ou telle institution. Mais ne t'inquiète pas, je vais t'écrire vers la fin du week-end. J'ai beaucoup de mails, donc je te prie de m'excuser et de patienter. Ne fait pas de bêtises. A bientôt.
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K
Merci chère Soleilpassant pour ton commentaire. C'est vrai qu'il n'y a plus de guerre en Europe, mais il y en a encore ailleurs. Je partage ton avis sur ce que tu dis. C'est vrai que beaucoup de gens se concentrent sur leur travail pour oublier le reste. C'était aussi pour les personnes en CES une façon de prouver qu'ils existaient aux yeux de la société autant qu'à ceux du monde travail. Parfois et souvent en vain. Aujourd'hui, il n'y a plus de CES et les gens crèvent dans l'ombre au RMI. Quelle est la solution ? Il y a des hommes et femmes politiques pour les trouver, ils sont assez payer je crois.<br /> La violence qu'a subit Madeleine, c'est l'indifférence et la solitude. Une nouvelle guerre moderne. Une guerre qui fait des tas de victimes chaques années.<br /> Il y aurait beaucoup de chose à dire là-dessus. <br /> Merci pour ta solidarité.
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M
t'inquiète ils payeront bientot cet vermine !
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S
Il n'y a plus de guerre, il faut bien que la violence des hommes s'expriment d'une façon ou d'une autre. Ils ont choisi le monde du travail.<br /> Très touchant ton récit-témoignage. Tu as dû être très mal au moment du décès de cette femme.Concentrer son énergie sur le travail est un leurre, un miroir aux alouettes. Malheureusement, beaucoup de personnes choisissent cette voie au détriment de leur vie personnelle. Moi, j'appelle ça une défense. Se donner à fond dans le travail permet de ne pas s'occuper de soi et de s'oublier, en quelque sorte.
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K
Libérienne- Ce n'est pas grave si tu dis des gros mots. Ce n'est rien à côté de ce que la direction a fait à cette femme. <br /> C'est vrai que personne ne pouvait savoir qu'elle allait mettre fin à ses jours. Mais, lorsque j'y pense (j'ai travaillé avec elle mais pas dans le me même service, mais j'aimais bien discuter avec elle et je l'appréciais beaucoup), il y avait des signes. La chef disait qu'elle allait mal. Alors pourquoi n'a t-elle rien fait ? Moi aussi j'ai eu et j'ai encore la haine. Je me sens aussi coupable, car je me demande si je n'aurais pas pu deviner. enfin c'est difficile, mais... <br /> Lorsqu'on sait qu'on ne sera pas garder, c'est déjà un poids qui s'en va. Mais les personnes qui à l'époque étaient en CES ignoraient ce qu'ils allaient devenir. Elle avait fait une formation en plus dans ce domaine (documentaliste) et rattraper ses heures en plus de faire du rabe ! Ca me tue ! <br /> Il y avait quand même des fonctionnaires qui l'aimaient vraiment. Je dois être juste. Mais s'ils n'ont rien dit, c'est parce qu'ils n'osaient pas ouvrir leurs bouches de peur de froisser la direction. Mais ne rien faire c'est laisser faire...<br /> Je suis d'accord avec toi. Souvent les personnes en contrat emploi solidarité auraient pu être embaucher. Surtout des personnes comme "Madeleine" (ce n'est pas son vrai prénom, j'ai dû le changer comme je l'ai dit) qui avait 50 ans et qui était très compétente. Pour elle c'était très important. <br /> Merci pour ton commentaire. Tu es une femme bien et très solidaire.
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