UNE EMPLOYEE MODELE
Aujourd'hui, je continue sur la rubrique d'histoire vraie. Bien sûr, comme la première, j'ai changé les lieux et les noms des personnes concernées. Voici l'histoire de Madeleine.
Madeleine était une femme de 50 ans. Elle était aide-documentaliste d'un centre de documentation dans une grande bibliothèque administrative dans la capitale régionale. Elle se dévouait complètement à son métier avec un grand professionnalisme. Pourtant sur sa fiche de paye, il n'était pas indiqué qu'elle était aide-documentaliste, parce qu'elle était en contrat précaire. Ce contrat portait un très beau nom : Contrat Emploi Solidarité, appeler aussi CES. C'est ce qui était signaler sur sa fiche de paye dans la case profession : CES. Bien sûr, elle était un peu triste du manque de considération que l'administration lui témoignait. Mais, elle gardait le sourire et sa gentillesse et sa serviabilité légendaire auprès du public.
Madeleine n'avait plus de mari. Alors elle aimait rester faire des heures qui n'étaient pas payer. La direction appréciait qu'elle reste pour faire une ou deux heure de plus, alors que la loi exigeait qu'elle ne fasse que 20 heures par semaine. Elle en faisait parfois 30, voir 37. Lorsqu'une de ses collègues manquaient ou devaient s'absenter pour rattraper une heure ou faire une course en ville, elle la remplaçait volontiers. Elle avait le coeur sur la main.
Les contrats emplois solidarité n'étaient que des contrats précaires et une façon de profiter du malheur des demandeurs d'emplois. C'était des contrats qui étaient de véritables scandales. Une honte pour notre pays. Un profit que l'administration française et les associations se servaient pour faire du fric sur le dos des chômeurs. Une invention des gouvernements socialistes et libéraux qui se sont partagé le pouvoir pendant des années et cela continue encore aujourd'hui.
Des contrats de merde et qui ne donnait à la personne aucun statut ni reconnaissance. Une belle farce et un foutage de gueule monumental. Mais, j'arrête là mon opinion politique, pas pour les technocrates libéraux-socialistes, mais par respect pour Madeleine.
Pourquoi toute cette histoire est au passé ?
Et bien...
Un mâtin, on apprend à Madeleine que pour elle c'est fini. Elle avait fait deux années de contrat et ce n'était plus possible pour la direction administrative de la garder. Ce fut comme un coup de marteau donner sur la tête de Madeleine. Elle avait été une bonne recrue, une bonne employée. Et comme remerciement ? La porte. Alors Madeleine était comme assommée, abattue, finie. Mais elle continuait honnêtement son travail jusqu'au 24 décembre. Un cadeau de Noël en somme. Comment allait-elle faire ? Elle allait se retrouver dans son appartement avec une allocation de solidarité spécifique pour tout payer. Bien sûr, elle ne gagnait pas l'or à la cuillère en travaillant dans ce centre de documentation, mais au moins, elle avait une importance, même si la direction ne le reconnaissait pas.
La direction aurait pu la garder. Elle ne volait pas son salaire. Mais la direction de cette grande bibliothèque administrative n'était qu'une usine à pressée la misère humaine. Ses collègues auraient pu dire quelque chose. La directrice aurait pu intervenir. Mais non. Rien de tout ça.
Alors un soir, en quittant son travail, elle allait prendre son tram pour rentrer chez elle retrouver son petit chat qui était son seul compagnon.
Mais elle ne rentra pas chez elle. Le lendemain on apprenait qu'elle avait finalement pris une décision.
Elle s'était jeter sous les roues du tram.
Voilà la triste fin de l'histoire de Madeleine. Je vous rappelle qu'elle est réelle.
Je devrai terminer sur ces mots. Mais à cette époque, je travaillais pour cette administration en contrat vacataire. Je peux seulement vous dire que ses collègues qui étaient bien contant lorsqu'elle les remplaçait n'ont même pas eu de regrets. Il n'y en a eu que trois qui ont témoigner de leur peines. J'avais beaucoup d'estime pour elle. C'était une femme d'une grande intelligence, d'une générosité immense et d'un professionnalisme qui aurait mérité une plus grande attention et intention de la part de ses employeurs.
Je dédie ce post à sa mémoire.
Toi qui n'avait pas d'ange du ciel, ma douce Madeleine, il serait à craindre qu'un ange de l'enfer brûle un jour la direction de cette grande bibliothèque administrative pour, à défaut de leurs réchauffer le coeur, réduire en cendres leurs os puants...