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L'homme qui n'a pas d'étoile
4 avril 2008

Le masque

Aujourd'hui, Rémi va faire deux trois courses au discount de sa ville, là où la vie est moins chère et moins bonne. On ne peut pas tout avoir. Et puis, il faut bien se nourrir.
Chemin faisant, il aperçoit Victor dans sa voiture qui semble aller chez ses parents.
Il se demande ce qu'il devient. Et tout en continuant son petit bonhomme de chemin vers le magasin discount, il se laisse à penser ignorant tout ce qui vit autour de lui.
Il se dit que Victor a bien de la chance quand même d'avoir encore ses parents. Bien sûr, il n'ignore pas que ces frères et soeurs sont de vrai peau de vache avec lui, mais quand même... Au moins lui, il a une famille. Il ignore bien sûr, la véritable vie de Victor. Que lorsqu'il entrera chez ses parents il n'aura pas un mot ni un réconfort de leur part. Mais ça, Rémi ne peut savoir.
Rémi se laisse aller de plus en plus dans ses pensées.
Même s'il joue au dur, au fond de lui il y a cette solitude qui le pèse. Il a passé les fêtes de Noël et la saint Sylvestre tout seul. Il regardait de sa fenêtre les gens arrivant avec des cadeaux ou ceux qui partaient dans leurs familles. Comme il aimerait avoir une famille normal. Cela fait déjà 5 ans qu'il vit seul, sans plus voir ou vraiment très peu et par hasard sa soeur ou son frère. De nos jours, c'est chacun pour soi.
Il a le visage fermé et sans expression. Pas question de montrer à qui que ce soit qu'il est malheureux.
Comme il aurait aimer entendre des rires et avoir de l'affection autour de lui. Mais la vérité est toute autre. Il est seul. Il n'a plus de parents. Un frère et une soeur qui lui font la gueule et qui ne l'aiment pas. Il n'a plus un seul ami. Même Victor, il ne le compte pas comme un ami. Il ne veut pas le déranger. À quoi cela servirait ? Il a certainement retrouver du travail. Quand à lui, il ne s'en sort pas.
Rémi continue son chemin. Jusqu'à quand ? Financièrement, il sait que bientôt il ne pourra plus tenir. Tout le monde s'en fout. Lui n'espère plus rien de la vie.
Comme il aimerait avoir de vrais amis sur qui compter.
Et l'amour dans tout ça ? L'amour ? Rémi n'y croit plus. Il n'a jamais eu de chance avec les filles. Il faut croire qu'il y en a qui ne sont pas fait pour aimer. En tout cas, c'est son destin. Et puis, que pourrait-il offrir à la femme qui l'aimerait ? Il n'ose même plus y songer.
Il faut se reprendre, pense Rémi. Il ne parle presque plus. Parfois, il parle tout seul chez lui. Sûr que ses voisins, s'ils l'entendent, doivent le prendre pour un dingue. Et alors ? Il s'en fout. De toute façon, il fait tout pour éviter tout le monde.
Lorsque la solitude est venu s'installer définitivement dans sa vie et qu'il s'est vraiment retrouver tout seul, il se sentait bien, euphorique même. Bien qu'il savait qu'il n'avait plus personne pour l'aider, il était comme un petit oiseau en cage qui retrouve la liberté. Cette euphorie est vite retombé.
Il arrive devant le magasin. Il ne faut plus se laisser aller à des sentiments. Faudra compter, car il faut faire avec 20 euro. Autrement dit, ça va être des courses calculées. La vie de rmiste, c'est l'aventure au quotidien.
Rémi respire un bon coup. Il ne faut que personne ne puisse lire dans ses yeux qu'il va mal. Il faut faire comme les acteurs sur un plateau; laisser ses petits problèmes au vestiaire. Aujourd'hui, il espère qu'il ne rencontrera personne qu'il connaisse. Il n'a pas envie de parler. Et comme par enchantement, dieu tout puissant lui accorde cette faveur. Comme quoi.

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Commentaires
K
Merci Eve. Passe un bon week-end. Bises
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E
Passe un bon week-end,bisous..
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K
Nat et Pouchkine - Bah, c'est juste mon avis sur un constat que j'ai fait parmis certains chômeurs hommes que j'ai rencontré.<br /> Mais tout se discute. Je pense que ce fléau qu'est perdre un emploi et ne plus se sentir utile à la société doit être également très mal vécue par une demandeuse d'emploi. C'est particulièrement difficile pour une jeune maman et pire encore si elle n'a pas de conjoint pour élevé son ou ses enfants (c'est parfois le cas). Pas facile pour une maman de ne pouvoir offrir à son ou ses enfants ce qu'il y a de mieux. <br /> Il y aurait tant de choses à dire. C'est tellement difficile. Il y a tellement de cas, mais toujours la même détresse. Espérons que cela va s'arranger. En tout cas, moi je le souhaite.<br /> Merci pour ton commentaire. Passe une bonne soirée.
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N
Oui, en lisant ta réponse à Libérienne, je me disais qu'effectivement d'un point de vue social on n'existe pas quand on est chômeur mais je crois que ça doit être bien plus grave et dévalorisant lorsqu'on est un homme. <br /> <br /> Je n'avais jamais pensé à ça.
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K
Merci Chère Nat et Pouchkine pour ton commentaire et pour ta franchise. <br /> Tu ne dois pas te sentir "à côté de tes pompes" ou même gêner. Ici, tu peux dire ce que tu penses sans être critiquer (en tout cas par moi). C'est moi qui avait cru avoir mal lu et avait cru ne pas bien lire le fond de ton texte.<br /> L'important, c'est que tu dises ce que tu ressents et c'est toujours très intéressant d'avoir une opinion et un point de vue.<br /> Tu étais bien dans le texte de toute façon. <br /> Il y a certainement des gens qui restent optimiste, mais par les temps qui courent cela devient de plus en plus dur.<br /> Difficile de voir les choses en bleus lorsque l'orage est au-dessus de sa tête. Bon, moi j'aime bien l'orage. Mais si je la foudre tombe pas loin de moi, je suis comme tout le monde. Je sursaute de peur. C'est humain.<br /> Rémi est au RMI est il n'attend plus rien. Je me répète, c'est vrai. Mais la souffrance se transforme parfois en amertume et puis en haine.<br /> La bête sera alors en marche.<br /> Tu as très bien compris et ressenti les problèmes des personnes qui sont au RMI. Tu donnes les mots juste. <br /> Je te remercie pour ton commentaire. <br /> Je te fais une grosse bise.<br /> <br /> * Je me permets ce soir d'avoir une pensée pour tous et toutes les ouvriers et ouvrières qui vont être licenciés dans ma région.<br /> Je pense à vous. Je comprends votre colère juste. <br /> Je pense très fort à vous, c'est hélas tout ce que je peux faire. C'est peu, je sais.
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L'homme qui n'a pas d'étoile
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