Cours après moi que je t'attrape !

Curieux comme vous l'êtes, je suis certain que vous vous demandez ce que Lucie devient. Si, si ! J'en vois au fond de la salle là qui trépigne ! Je ne vais donc pas vous laissez vous faire patienter plus longtemps.

La semaine dernière, j'ai téléphoné à Lucie pour lui parler de notre sujet. Je tombe directement sur elle. Nous échangeons d'abord des politesses. Comment elle va ? Et moi me répond t-elle... etc.
Hélas, son rendez-vous du mâtin arrivait et elle me demande si cela ne me gêne pas si elle peut me rappeler plus tard. Je lui demande quand. Elle me donne une heure. Je dis ok. Je serai là. Elle me dit donc : à tout de suite !
Je commence à connaître la petite Lucie. Elle ne voit pas le temps passer et elle bavarde beaucoup. En fait, elle fait bien son travail, mais elle est toujours en retard de 5 minutes. Ce n'est pas grave. Les gens qu'elle reçoit ont besoin de cette attention.
Et pile poil l'heure qu'elle m'avait indiquée, mon téléphone sonne. Je m'empresse de répondre. C'est elle. Là elle m'étonne ! Plus pondérée, cela n'existe pas.
« Nous allons pouvoir parler un peu plus longtemps, jusqu'à mon prochain rendez-vous ». Me dit-elle.
Et puis nous parlons de tout et de rien. De boulot surtout. Même si moi, je ne fais plus parti de tout ça. Mais ça c'est une autre histoire. Je la laisse s'exprimer. Je dois vous dire que dans la vie, je suis très bavard. J'ai même tendance a monopoliser la conversation. Mais là, je ne dis rien. Je l'écoute. J'aime le son de sa voix. Alors je ne dis rien. Ses paroles me berce, elles sont de douces vagues.
Et elle me demande ce que j'en pense. Là, le piège ! J'écoutais sa voix, mais sans faire attention de ce qu'elle me disait. Enfin, si quand même. Parce que bon, cela aurait été une terrible erreur de ma part. Mais je retombe sur mes pattes tel un chat tombant d'un arbre. Et je répond à sa question.
En fait, sans oser lui dire, j'aimerais qu'elle me parle d'elle. J'aimerais mieux la connaître. J'aimerais lui dire des mots bleus, ceux qui rendent les gens heureux, comme le dit Christophe dans sa chanson. Mais, de nos jours, on ne dit pas ces choses là.
Et je doute aussi que ça l'intéresse le moins du monde. Vous devez vous poser des questions. Si Lucie m'appelle, c'est juste pour des raisons professionnelles. Pour savoir où en sont les choses. Je me contente de l'informer sur tels ou tels sujets, mais c'est tout. C'est une question de temps. J'ai accepté de le faire, car sa collègue qui aurait dû le faire ne l'a pas fait. Apparemment, Lucie n'a pas que des amis(es) dans ce monde impitoyable.
Lucie et moi avons un trait en commun. Nous sommes désorganisés, tête en l'air, un peu confus et n'ayons pas peur des mots, terriblement bordellique. Comme moi, ses dossiers traînent partout. Comme moi, elle a des petites fiches collées sur tous les coins de son bureau. Comme moi, son agenda ressemble à un carnet où sont écrites des tonnes de notes qui vont des courses à faire au magasin au super rendez-vous avec un grand chef de la communauté urbaine. Ben oui, c'est comme ça. Pour l'instant, ses chefs ne lui disent rien. Elle est toute jolie, toute jeune. Elle aime son boulot. Elle est très attentive pour ne pas dire intentionnée envers les gens qu'elle reçoit. Et ça, ça me plaît.
Mais j'aimerais lui dire qu'elle devrait faire attention. Car dans six mois, tout au plus, elle ne sera plus la petite nouvelle et ses supérieurs ne lui passeront plus rien. De plus, elle son travail est définitif. Moi, je suis un mercenaire, un jour-là, un autre ici. Je peux donc me permettre quelques erreurs que je répare à la va vite avec un chewing-gum, comme le ferait Mac Gyver, il y a quelques années maintenant. Ce n'est pas les reproches qui manque vis à vis de moi. On ne m'aime pas et on aimerait que je passe à la trappe définitivement. Moi, je ne risque que ça. Mais, elle, c'est sa carrière qui est en jeu. Donc prudence ma belle !
Et puis, elle aborde un sujet dont je ne m'attendais pas du tout, car nous parlions juste boulot.
Elle me demande pourquoi j'avais l'air triste la dernière fois. Triste moi ? Et pourtant elle insiste. Je déments. Elle insiste encore. J'ai beau la rassuré, de lui dire qu'elle se trompe, elle ne démord pas.
Elle pense que je suis triste de ce qui arrive. Qu'elle me comprend. Que comprend t-elle ?
Mais force est de constater, qu'elle touche certains points sensible. Que j'ai été touché, certes, par certaines révélations qu'elle m'a faite sur des personnes en qui j'avais confiance. Elle s'en veut. Mais il ne faut pas. Comment la rassuré ? Lui dire qu'un mercenaire est souvent sujet à l'abjection de ses collègues ? Lui dire que ma vie n'est jamais stable ? Lui dire que ma vie est semblable à celle d'un flingueur qui se fera un jour abattre comme un chien et que personne ne regrettera ? Ce n'est pas des choses qu'on dit. Ces choses là, personne n'a envie de les entendre. Et puis, elle ne comprendrait pas...
Nous vivons dans un monde impitoyable. Un monde que Lucie n'a pas encore vue. Elle est confrontée à la détresse, la solitude, le désespoir, mais aussi du mécontentement parfois des gens qu'elle reçoit. Mais elle, elle pense encore qu'elle est à l'abri de toutes ces choses. Et pourtant... pourtant, si elle savait. Mais elle le découvrira elle même. Pour l'instant, elle a le feu sacré. Et c'est bien que cela soit ainsi. J'aimerais être là, lorsqu'elle sera confrontée à la dure réalité. Mais, en ai-je le droit ? Non, je ne pense pas. D'ailleurs, suis-je plus imperméable à de tels faits ? Non pas vraiment. Avec le temps, j'encaisse mieux.
Le temps passe trop vite. Elle me dit qu'elle va être obligée de ma laisser dans quelques minutes. Est-ce que je viendrai quand même à la réunion ? J'y serai certainement convier. En fait, j'ai pas envie. Mais je lui dis que si elle est là, alors j'y serai peut-être. Que dès que je reçois des nouvelles de tout ça, je la rappelle. Mais j'en doute.
Alors, elle me dit que je ne devrais pas tant douter des autres. Et surtout pas de moi... Mais qu'est ce qu'elle veut dire ? Je ne doute pas de moi ! J'ai l'impression que Lucie joue au chat et à la souris avec moi. Elle va finir par se faire croquée.
Elle me demande si nous pouvons nous voir ? Bien sûr ! Nous devons nous voir dans une semaine et demis.
Je me dis que la vie est étrange. Ou bien c'est elle qui l'est. Ou bien moi. Je ne sais pas. Ce que je sais. C'est que je n'ai pas le droit de l'aimer.
D'ailleurs, ce n'est pas vraiment ce qui l'intéresse.
Comme beaucoup, Lucie croit aux légendes urbaines. Par exemple. Celle que la nuit tous les chats sont gris. Ou bien, que les mercenaires sont tous des bons coups au lit.
C'est peut-être vrai. Mais il y a une chose qu'elle ne sait pas. C'est que les mercenaires ne sont pas sans sentiments. Même s'ils disent le contraire...

Comments

[Karleman]

Cloudy - Je l'aimerai comme une amie. Elle m'apporte beaucoup par son amitié. Je ne veux pas tout gâcher.
Peut-être qu'avec le temps, les sentiments évolueront. Et si ce n'est pas le cas, ce n'est pas si grave après tout. L'important, c'est qu'elle m'apprécie autant que moi et que nous soyons à l'aise lorsqu'on se rencontre.
Merci chère Cloudy.

[Cloudy]

Ne pas aimer quelqu'un voilà une drôle de résolution...

[Karleman]

Merci Chère Xujing pour ta gentillesse.
Je m'entends bien avec Lucie. Nous ne nous onnaissons pas encore très bien. Je pense que comme moi, elle m'apprécie. C'est peut-être seulement de l'amitié. Mais c'est déjà ça. Il ne faut pas gâcher une bonne relation.
Et puis, c'est bien ainsi. Je ne suis pas malheureux à cause d'elle. En fait, je vais même bien.
Pour l'instant, nous laissons les choses comme elles sont. Le temps viendra et les sentiments évolueront peut-être.
à bientôt chère amie

[xujing]

La relation entre Lucie et toi est un peu équivoque(amoureux ou non). Quelle douleur de ne pas pouvoir aimer ce qu'on aime. Je me demande si Lucie sait que tu as ce blog, je pense que non. Tout ira mieux, cher ami.
À bientôt.