L'exemple (épisode 1)
Très jeune, je suis tombé malade, je n'étais alors qu'un tout petit garçon tout maigre, pour ne pas dire, avec la peau sur les os. Je ne manquais de rien à la maison, mais je mangeais très peu car j'étais vite rassasié et la nourriture ne m'apportais pas assez de vitamine. C'est ainsi que la médecine fit la découverte, après un gros malaise qui failli me faire passer de vie à trépas, que j'étais atteint d'une grave maladie. Je devais donc souvent aller faire des analyses de sang à l'hôpital parce que ma mère n'était pas riche. Là, je passais souvent entre les mains des internes en médecine ou autres infirmières qui étaient très gentils avec moi. Je ne me plaignais jamais de mes prises de sang, à la différence des autres patients enfants ou même adultes.
C'est la première fois que j'entendais cette appellation ou ce qualificatif dans la bouche des personnes à la blouse blanche : «Tu es un exemple »... à la plus grande joie et fierté de ma mère.
Ainsi, c'était parti. J'étais « l'exemple ». C'est comme ça que tout à commencé.
Autant vous dire qu'à ce moment là, j'aurais dû me méfier, me laisser mourir ou me jeter sous le train. Mais j'étais trop jeune pour me rendre compte que le suprême honneur qu'on me faisait, j'allais découvrir très tardivement que cela n'en était pas un.
Au collège, je l'ai déjà écrit, j'étais un élève plutôt bon, pour ne pas dire, assez voir au-dessus de la moyenne, bien classé dans les notes et sur le tableau « d'honneur » des professeurs. J'avais une prof de français qui me citait toujours en exemple. Cela dérangeait un peu une élève qui était meilleure que moi et qui ne tarda pas de me haïr en silence. Mes autres camarades de classe ne furent pas tellement touché par la grandeur du « modèle » que j'étais sensé représenter. Sauf un. Ce gentil petit camarade, me le fit savoir par la plus grande gentillesse qu'il connaissait au monde, il me fit tombé dans les escaliers. À défaut d'avoir une couronne de lauriers et puisqu'il n'y avait pas d'épines en couronne, malgré les nombreuses commandes jamais livrées, je fus couvert de bleus hématomes. Et comme j'étais l'exemple, je dis même aux surveillants (qui n'avaient rien vu parce qu'ils sont la glande incarnés, c'est bien connu) que j'étais tombé tout seul. L'exemple !
Malgré cette mésaventure au collège, j'ai été plutôt très heureux. J'ai été un plutôt bon élève, certains disaient même très bon, et j'ai eu une scolarité plus que brillante. J'avais des amis(es), bref tout allait bien.
L'exemple que j'étais au collège fut moins heureux en études et accepté par ses camarades au lycée. Mes profs m'aimaient beaucoup, je ne pouvais pas me plaindre. D'ailleurs au début, je fus très vite à leurs yeux, l'exemple pour mes camarades. Ils ne tardèrent pas à le faire savoir aux élèves un peu moins doués. Et c'est à ce moment que je compris qu'être un exemple ne représentais pas que des avantages. Une fois, un de mes profs en gestion administrative cru bon de faire la remarque, devant mon savoir très rapide, que mes camarades devraient suivre mon exemple en étant plus attentif à ce qu'il nous apprenait. Et devant ce fait établi par notre professeur, mes camarades ne restèrent en effet pas insensible à cet état de fait qui me caractérisait et avec quelques copains costauds, qui n'étaient même pas de ma classe, se réunirent pendant la récréation. Afin de me prouver leurs admirations, parce qu'ils étaient infiniment bon et courageux à quatre contre un, ils me caressèrent gentiment les joues avec leurs poings en guise de reconnaissance et de remerciement. Gestes signifiant, pour les lycéens de l'époque, certainement une admiration sans bornes pour ma personne, même si je n'avais demander aucune récompense, je tiens quand même à le souligner.
Je ne m'étais pas vanté d'être un exemple. Mais devant tant de qualités reconnu mes merveilleux camarades lycéens firent de mon année scolaire un véritable enfer. Je souligne quand même que je me défendais, mais ne vous y trompez pas mon cher public, je fus plusieurs fois abattu à terre pour manger de la poussière, parce que l'exemple est rarement élevé vers le sommet, sauf par ceux de la dite bonne société qui a besoin de nommer et montrer des héros et des « parfait » tout comme les religieux ont besoin de justifier à leurs ouailles des martyrs, afin que tout soit carré dans un monde qui pourtant tourne rond.
Et à ce moment là, il n'était pas un peu fatigué l'exemple ? Il ne souhaitait pas un peu se reposer et prendre un soda à l'orange avec sa copine chauve-souris qui a la rage des fois ? Ben non.
Car l'exemple tout comme l'élue Buffy ne renonce pas, ce n'est pas inscrit dans ses gènes.
L'exemple a donc continué d'être un bon exemple aux yeux de tous en fermant sa gueule, ne prononçant pas la moindre plainte, avec tous les emmerdes que cela représentaient. Et malgré tout ça, et bien que cela lui faisait un tantinet un peu mal parfois les coups bas, au fil du temps faisant son chemin, au lycée et dans sa vie sociale il restait aux yeux de tous un élève, un camarade et un garçon gentil, parfait, courtois, obéissant etc. L'exemple quoi...
Je me disais qu'en étant l'exemple dans mon quartier, puisque je l'étais aussi, je serais certainement quelqu'un de bien dans ma vie future. Tout me le monde me citait en modèle de vertu et vu que j'étais en effet un brave petit adolescent tout mignon, très gentil, très poli, très honnête et très coincé, j'en tirerais certainement un jour les honneurs d'une récompense et reconnaissance et en tout cas, contrairement à certains connards et malhonnêtes, j'en sortirais grandi socialement et professionnellement.
Toutefois, lorsque vous devenez un exemple, c'est un peu pareil que super héros, on ne vous donne pas le manuel.
Et c'est ainsi qu'après plusieurs longues années de bons et loyaux services, je faisais le triste constat qu'être « l'exemple » ne représentait que de gros emmerdes avec aucune reconnaissances à la clé.
Pire encore, je remarquais que plus les gens étaient malhonnête, faux et ordures, plus ils se trouvaient respectés.
J'avais besoin de vous raconter ces épisodes de ma vie pour vous parler de la suite dans un prochain épisode.
L'exemple va t-il devenir maître du monde pour avoir sauver la terre d'un météorite géant qui fonce droit sur notre belle planète et qui va s'écraser sur notre tronche en décembre de cette année telle une fiente de pigeon sur le bout d'un nez levé fièrement un matin de printemps ?
Vous le saurez en lisant mes prochaines aventures !
À suivre...