Lorsque le verbe n'a plus de pouvoir

Certaines personnes pensent qu'écrire est une thérapie. Certaines autres pensent que c'est une force.
Je serais plus en accord avec la seconde opinion parce qu'il faut une grande force pour écrire. Oui, il faut être bien dans sa peau et dans sa tête pour réaliser cet exercice.
Je me rends compte à quel point j'étais fort il y a encore quelque années. Mais aujourd'hui, je n'arrive plus à poser un seul mot convenable dans un texte pour écrire ce que je ressens. Je me rends compte à quel point j'avais une intelligence très développé aussi par le passé. Bien sûr, cette intelligence n'est certainement pas évanouie. Mais il n'en reste pas moins que j'ai beaucoup plus de difficultés à exprimer par écrit certaines choses sur mon blog. Alors j'aurais énormément de mal à faire preuves d'imagination pour écrire une fiction. J'ai beaucoup de mal à me concentrer. J'ai beaucoup de difficultés à rester positif. Parce qu'écrire, inventer par l'écriture une histoire, une aventure ou une quelconque fiction demande un développement intellectuel immense et intense. Je n'ai plus cette force. Du moins, pour l'instant.
Le pire, c'est que j'ai également énormément de difficultés à exprimer mes idées. À trouver les bons mots, comme je le faisais par le passé pour décrire ce que je ressens et coucher sur le papier virtuel mes opinions sur certains sujets sociaux ou politiques.
Il y a tellement de désarroi en moi que parfois j'ai peur de faire une grosse bêtise. La vie ne m'a jamais fait beaucoup de cadeaux. Surtout ces quinze dernières années. Mais ce que je vis ces cinq dernières années m'a terriblement fragilisé.
Trop de mensonges. Trop de trahisons. Trop de désespoirs et de désillusions... Lorsque l'espoir est presque totalement mort, je sais que le dérapage psychologique n'est pas loin et avec elles toutes les conséquences que cela pourraient entraîner. J'en ai parlé une fois dans un texte et je sais qu'aujourd'hui je ne m'attarderai pas là-dessus. De toute façon, tout le monde s'en fout. J'en suis conscient. Cela me soulage un peu parce que plus rien ne peut m'empêcher de faire ce que j'ai envie de faire depuis certainement bien longtemps déjà, je pense.
Il y a eu beaucoup de soubresaut ces dernières semaines. Mais pourtant, cela ne me donne pas l'espoir d'un meilleur lendemain. Même si j'étais heureux demain, combien de temps perdu, par le passé, dans les galères et dans le malheur. Être heureux à un age ne console pas le fait d'avoir été malheureux toute ma vie lorsque j'étais plus jeune. Comme si le bonheur m'avait été interdit. L'espoir, la joie me semble un grand luxe auquel je n'ai aucun droit d'accès. C'est terrible de penser ça. Et pourtant, c'est ma triste vérité. 
Il y a encore trois ans, je pouvais me réfugier dans l'écriture et inventer de belles choses que je ne vivrai jamais. Mais aujourd'hui, même ça, je n'y crois plus.
Je ne suis pas fait pour le bonheur. Soit. Je ne suis pas fais pour réussir professionnellement. Soit. Je ne suis pas fait pour l'amour et apparemment pas non plus pour l'amitié. Soit. C'est choses entendues. 
Pourquoi suis-je fait,alors ? Juste pour vivre une vie morne et faite de défaites, de frustrations et d'immenses solitudes ? J'ai dû me tromper de corps. Je devais naître dans un arbre... Dans ce cas, est-ce que cela en vaut réellement la peine de vivre ?
Je ne sais pas si je l'ai déjà écrit... mais j'ai failli mourir lorsque j'étais enfant. Et souvent dans ma vie, j'ai échappé de peu à la mort. Mais pourquoi ? Je vais finir par croire que dieu est méchant, sadique et cruel. Tant de malheurs et de désillusions ont fini par me soumettre à la conviction que je ne serai jamais rien. Mais, dans ce cas, je ne vois pas pourquoi je devrais continuer à vivre.
Il me faudrait vraiment un sacré coup de chance, dans la continuité, pour me faire croire que le bonheur de vivre existe aussi pour moi. Il me faudrait une grande dose de joies et de bonheur pour effacer toutes ces années de malheurs. 
C'est un peu injuste ce que j'écris. J'ai souvent convaincu les gens de garder espoir. Mais quel espoir puis-je avoir lorsque je sais que ma vieillesse sera pire que ma jeunesse ? À moins d'un miracle ou d'une soudaine chance incroyable, je ne vois pas ce qui me donnerait raisons d'espérer le meilleur à venir dans le futur. Pour moi, « no futur » n'a jamais été slogan aussi réel. Je n'ai aucune famille sur qui compter. Aucun(e) ami(e). Inutile de parler d'un amour... Si je disparaissais demain, personne ne s'en rendrait compte. J'ai pu constater le cas il y a quelques années lorsqu'un de mes voisins dans le quartier est décédé. Personne ne s'en était rendu compte. Et pourtant, lui, avait de la famille. Alors moi... vous pensez bien...

J'ai lu dernièrement deux blogs de personnes totalement désespérés. J'ai trouvé les mots pour une des personnes. Mais pour l'autre, devant sa détresse, je suis resté muet. Que puis-je dire à une personne seule, malade et pauvre ? Quels mots encourageant puis-je ou ai-je le droit d'employer pour lui donner de l'espoir ?
Bien sûr, je pense que tout peut arriver pour tout le monde à tout instant. Et j'y crois fermement, parce que sinon je me serais supprimé depuis belle lurette. Mais devant le contexte actuel, je ne peux plus mentir aux autres et à moi-même.
Je pense que ce blog va s'arrêter. Peut-être que je reviendrai pour écrire un texte ou deux. Mais je n'ai plus rien à dire. J'aurais vraiment aimé vous dire que la chance m'a souri à moi aussi. Je n'espérais plus l'amour. Mais j'espérais au moins avoir le droit de m'en sortir et vivre mieux et avoir un travail qui me plait avec un salaire décent me permettant d'accéder à des loisirs qui m'épanouiraient. 
Je ne parlerai pas de ma situation. On peut facilement imaginer que cela ne va pas bien.
J'ai de moins en moins de public passant lire mon blog. Cela se comprend aisément. Quel intérêt mon blog peut-il avoir aux yeux des autres  ? En a t-il seulement eu réellement ? Je me pose cette question depuis trois années maintenant. 
Karleman va disparaître. Il va sortir de votre vie. À tout jamais. Et plus personne n'aura de mes nouvelles. Et lorsque cette décision sera prise, cela sera à... jamais. Ainsi va la vie.