Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'homme qui n'a pas d'étoile
5 avril 2015

Tourments

Comment ne pas parler de ce qui me tourmente le plus.
Je vais de blogs en blogs lorsque j'essaye de retrouver un peu de lien. Lien que je n'ai presque plus. Je ne discute plus avec personne ou presque. Quelques fidèles me contactent encore parfois. Mais, c'est surtout par le biais de mes passions que je peux encore entamer des discussions très agréables. Bien sûr, les jeux en ligne où personne ne me connaît. Karleman va finir par disparaître un jour ou l'autre. Vous n'aurez plus de mes nouvelles. Je serai une légende urbaine.
Mais point sur qui deviendra bientôt et passons de suite au sujet de ma rubrique.
Qu'est ce qui me tourmente ?
Cela fait cinq années que je ne suis presque plus rien dans cette ville. Ai-je été réellement quelqu'un un jour ? On se sent quelqu'un lorsqu'on a un travail, des amis, quelqu'un qui vous connaît. Bien sûr, on me connaît dans la vie aussi. Mais je ne me vois plus en humain. Juste un fantôme qui erre à travers le web et les maigres endroits que je fréquente encore dans ma ville... en résumé, je suis presque déjà mort.
Voilà ce que je ressens depuis que je n'ai plus de travail. Et je n'en retrouve pas... C'est ça le pire. Je vieilli plus vite aussi. Et vieillir seul, c'est triste à dire, mais c'est assez difficile. Je devrai m'habituer, parce que je n'ai pas le choix, de toute façon.
Étais-je quelqu'un avant lorsque je vivais de petits contrats ? Non, peut-être pas. Mais j'avais un semblant d'existence. Du moins, c'était mon impression. Mais c'est vrai que je ne suis jamais rentré dans les normes. Je n'ai jamais eu des collègues définitifs, comme je vous l'ai déjà raconté. C'est peut-être pour ça que j'ai l'air d'un aventurier. Et peut-être que je le suis, en fait.
Force est de constater que j'en souffre. Je me suis appauvri. J'ai l'impression (peut-être pas que l'impression) que j'ai raté ma vie, que je n'existe pas, que je j'aurais même mieux fait de mourir lorsque j'avais dix ans. Je ne sers à rien...
Alors, je navigue sur le web.
Actuellement, je lis parfois deux blogs. Deux personnes différentes. Marie, du blog une nouvelle pauvre et celui d'un homme ayant la cinquantaine. Tous les deux sont « chômeurs » ou il serait plus exacte de dire « demandeurs d'emploi » et dans la précarité.
Je connais ce qu'ils vivent. J'ai échangé avec eux. Je lis leur détresse. J'admire leur courage. Parce qu'ils n'en manquent, ni l'un ni l'autre.
Elle, vous la connaissez. Lui, peut-être que certains d'entre-vous sont passé sur son blog.
Alors je dialogue avec lui. Je me sens moins seul lorsque j'évoque certains points. On se comprends
La souffrance est notre lot à tous les trois. Il y a certes biens et beaucoup d'autres personnes dans cette misère. Khayaa par exemple. Je n'ai plus accès à son blog. J'ai même fini par effacer le lien puisqu'elle m'avait banni de ses pages. La détresse, la souffrance est tellement grande que les gens finissent par vous détester.
C'est un peu le sentiment que j'ai parfois avec lui. Je l'appellerai comme ça. Il ne veut pas que je le mets en lien. Je comprends. Je respecte. Et pourtant sa souffrance mériterait d'être lu. Elle est réelle et intense.
Et moi ?
Je suis de plus en plus seul. J'écris ses lignes et je me demande qui va me lire encore ? Les rangs de mes visiteurs ont fini par s'éclaircir. Mes textes n'intéressent plus. Et pourtant, c'est maintenant qu'ils pourraient devenir intéressant.
Qui parlera de moi autour des feux de camps lorsque je n'existerai plus ?
Personne... voilà la triste vérité.
Je me dis que j'aurais dû ouvrir ma bouche il y a bien des années lorsque j'avais un peu d'argent. J'étais fier de l'argent que j'avais accumulée. J'étais fier de mes comptes en banque et de ma seule réussite sans personne pour m'aider. J'ai d'ailleurs au toujours beaucoup de difficultés à accepter toutes aides, tout petits coups de pouce. C'est peut-être ça le problème...
Je me sens coupable de n'avoir rien dit et d'avoir cru que j'étais au-dessus de la souffrance. Je pensais que ma chance arriverait. Mais elle n'est pas venue.
Je me souviens des années passées lorsque j'aurais déjà dû bouger et hurler mon désaccord devant la précarité qui montait pour les autres. Moi, j'étais égoïste, je n'ai jamais eu de chance, mais je pensais que ça viendrait. Et comme je vous l'ai dit, ce n'a pas été le cas.
Bien sûr, demain est un autre jour. C'est ce que je me répète lorsque je vais me coucher et lorsque je me lève le mâtin. Hélas, les jours passent et se ressemblent.
Oui, j'aurais dû dire à cette société égoïste combien j'étais en désaccord avec elle. Tout le monde parle du chômage, de la crise, de la précarité. Mais le chômage est là depuis des années et la précarité n'arrête pas de grandir depuis la crise. Quand j'entends parler de pouvoir d'achat, j'ai envie de mordre. Il y a belle lurette que cela ne signifie plus rien pour de (trop) nombreuses personnes.
Égoïsme de ceux qui ont un travail et qui font semblant de pleurer sur les chômeurs. Et je ne parle pas de ceux qui les insultent de fainéant et d'assisté. Pourtant si notre société était aussi civilisée, tolérante, démocrate et moderne qu'elle le prétend, elle aurait appris à partager le travail.
Comment les gens peuvent être stupides pour croire qu'ils sont au-dessus de se retrouver à la place du sans-abris qu'ils croisent dans les rues ? Certainement sont-ils tout aussi stupide que je l'ai été moi-même. Nous avons beau espérer que demain cela ne peut être notre tour... notre tour peut arriver à tout moment. La société n'est pas civilisé et tous les qualificatifs qu'elle se donne ne sont que des illusions qu'elle se fait.
Pire encore, les politiciens nous gouvernant se fichent éperdument du sors des vingt millions de pauvres de notre pays. Ils comptent sur l'idée que le peuple pense qu'il s'agit d'émigrés, d'étrangers et d'associaux. Et ça marche.
Est-il encore temps que je parle de tout ça ? Non. Et de plus, je pense que je n'aurais pas trouver d'adhérants à mon blog pour me lire si j'avais abordé aussi crûment le sujet. Personne n'aime la vérité. Elle doit être adoucie pour que les gens y prêtent un tant soit peu d'attention.
Donc, je pense que j'ai bien parié et lorsque vous aimiez Rémi, vous aimiez un personnage. Mais peut-être qu'il était bien plus réel que vous ne le pensiez alors. 
La vie est de plus en plus difficile pour moi. Où est-ce que je trouve la force de survivre aussi seul ? Je l'ignore. Je ne sais qu'une chose, c'est qu'une personne me manque. J'avais l'habitude de la croiser lorsque je me rendais à ce lieu que je ne citerai pas. Aujourd'hui, sa gentillesse, la beauté de son visage m'a été pris par l'ironie du sort de ma vie. Je n'ai plus le droit à rien.
Je n'ose pas espérer que cette jolie femme pense à moi. Elle est partie vers d'autres horizons le 31 janvier dernier. Elle avait son métier, ses collègues, ses amies et sa vie. Alors je doute qu'elle pense encore à moi.
Oui, c'est facile de m'oublier. Et si je vous disais que je m'en fiche... alors là... vous pourriez me traiter de menteur.
Ma vie continue. Je ne dirai pas que je vais presque bien. L'horizon est de plus en plus sombres même les jours ensoleillés. Une météo clémente, et ce n'est pas le cas actuellement, n'a même plus de conséquences favorables sur mon moral. Qu'il fasse soleil ou temps gris, pour moi, il n'y a que des nuages sombres dans ma vie. C'est ainsi.
Dans ces années noires, des personnes transformés en fantôme essayent de survivre tant bien que mal.
Comment pouvons nous accepter cela ?

Publicité
Commentaires
K
Bonsoir Béatrice,<br /> <br /> C'est certain qu'avoir un travail donne pas mal d'avantages. <br /> <br /> Il y a tellement de personnes en souffrance... même avec un bon métier, d'ailleurs. Même riche. C'est fou, mais c'est comme ça. <br /> <br /> Mon blog n'intéresse plus. C'est comme ça. Je n'arrive plus à raconter les choses. Je n'arrive plus à écrire et encore moins à inventer. Je pourrais regarder autour de moi et décrire certaines situations comme je le faisais par le passé. Mais même ça... je n'y arrive plus.<br /> <br /> Ce n'est jamais facile de prendre du recul.<br /> <br /> Moi aussi, je garderai de sacrés souvenirs. Heureusement, il restera ça.<br /> <br /> Malheureusement, tu ne peux rien faire. Et je crois que plus personne ne peut... à part moi. <br /> <br /> Bonne soirée.<br /> <br /> Des bises
Répondre
B
Je suis désolée de lire tout ça. Dommage pour la femme du 31 janvier aussi. La société laisse les gens, un grand nombre de gens, sur le carreau. La vie aussi. Sans raison valable, je suppose. Juste un mauvais karma. Travailler a cet avantage : on voit du monde, on parle un peu même si ça ne va pas loin. Internet, c'est finalement tellement vaste et tellement vain, encore plus vain que la vraie vie parce que les gens s'en vont et s'en viennent comme ça, pour le plaisir. Il est rare de construire une relation durable. Mais ça arrive. Là encore, pourquoi ? Comment ? Je ne trouve plus vraiment de blogs vivants et c'est dommage. J'aimais bien cette époque où il en fleurissait de nouveaux tous les jours et où les gens qui les ouvraient étaient encore motivés. Je suppose que c'est normal de s'user et de ne plus avoir d'inspiration. C'était un effet de mode. Heureusement, certains le gardent ouvert et continuent d'y publier. Souvent, j'aimerais avoir des nouvelles de certains blogueurs disparus mais ce n'est pas possible. Preuve que ce n'était pas grand chose... et pourtant, j'en garde un souvenir très précis. <br /> <br /> Que te dire ? Je ne sais pas ce que tu vis mais je sens forcément ta souffrance. J'aimerais t'aider, être une présence un peu rassurante au milieu de nulle part. Bises
Répondre
L'homme qui n'a pas d'étoile
Publicité
L'homme qui n'a pas d'étoile
Archives
Publicité