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L'homme qui n'a pas d'étoile
10 juin 2010

nos rapports

Je continu ma mission suicide dont je me demande à quoi elle va servir. C'est là que je me rend compte que même avec le titre de « rapporteur », je ne suis qu'un simple mercenaire. Que je n'aurai jamais un beau bureau avec un ordinateur avec mot de passe rien qu'à moi. Pas de portable avec un numéro attitré professionnel et pas non plus un téléphone fixe avec ma ligne et une secrétaire qui filtre les appels.
En plus, je n'ai pas de voiture la voiture de fonction du service du conseil général qu'on m'avait promis. Je bénéficie de remboursement de frais d'essence et même de repas. Mais je ne m'en sers pas. Je préfère mangé chez moi.
Ce que je fais me fatigue moralement. De croiser la misère tous les jours ou presque, sans que je puisse faire quelque chose, me révolte et je sais que tout cela est vain, car je n'ai aucun moyens pour lutter contre ce qui existe. Mes rapports à ce propos ne sont pas tendre et d'ailleurs, Lucie m'en a fait la remarque. Il a fallu que j'en ré-écrive quelques uns. Je ne peux envoyé ça ! M'a dit la petite dame, pas si petite d'ailleurs.
Ainsi, elle m'a téléphoné la semaine dernière et m'a demandé de passer ce jeudi à 16 heure précise. Nous allons donc nous revoir, pour parler boulot, inutile de vous emballez.
Comme le rendez-vous est un peu plus tard, peut-être parlerons nous aussi un peu d'autre chose que de boulot. Mais ça m'étonnerait. Et puis à quoi ça sert ?

Ces derniers jours j'ai rencontré des tas de gens formidables. D'autres moins bien. Certaines personnes, en fait, presque le plus grand nombre de gens que je rencontre sont dans une grande précarité. Les plus concernés ne se plaignent même pas. Courage ? Oui, moi, j'en suis convaincu. Résignés à leur situation ? Je le crois aussi.
Je rencontre un peu toutes sortes de gens. Des couples, jeunes et moins jeunes. Même si certaines choses sembles ne pas aller trop mal, il suffit de chercher un peu. Dans ces couples, un seul perçoit le RSA. Parfois, voir souvent, l'épouse fait des petits boulots de ménages et repassages chez des particuliers pour arrondir les fins de mois et donner un peu plus à leurs enfants. Car c'est en général pour les enfants. Il y a les couples qui se soutiennent et les autres qui se déchirent. Parfois devant moi. Pour exorciser leur malheur ? Peut-être...
Quant aux familles qui ne se soucient pas de leurs enfants, j'en ai rencontré une.
Ce n'était pas mon public visé, mais devant le peu de monde pour répondre à ce questionnaire débile sur le RSA que m'a demandé la commission, il fallait bien creuser un peu plus.
Il y a beaucoup de femmes jeunes et moins jeunes vivant seules avec un ou deux enfants. Ce qui m'a frappé, c'est les femmes jeunes. Certaines sont jolies et c'est une chose qu'au début j'ai eu un peu de mal à comprendre. Pourquoi sont-elles seules et sans mari ou compagnon ? Mon constat et que le sens du mot famille n'existe plus. Que certains hommes font des enfants mais n'assument pas ou plus leur parenté. La plupart de ces femmes se débattent toutes seules dans la vie pour subvenir au besoin de leurs enfants. Elles courent toute la journée sur un renseignement, une aide sociale pour amélioré le quotidien de leur progéniture. Parfois ce n'est qu'un seul bébé ou un enfant en bas age, parfois c'est des plus grands et le nombre peut atteindre deux à quatre enfants.
Pour toutes ces femmes le combat est titanesque. Il n'y a presque pas d'heures de repos et de jour serein. C'est un combat de tous les jours, un combat sans fin.
La plupart des gens, couples ou femmes seules que j'ai rencontré font preuve d'un immense courage, mais bien que toutes ces personnes le cachent, elles sont souvent prisent d'un immense désespoir.

Et puis, il y a les hommes seuls. Je sais ce que s'est puisque je suis de ceux là. Mais par contre, ces hommes-là, vivent avec le RSA, chômeurs ou travailleurs pauvres. On les reconnaît tout de suite. Leur appartement est moins bien tenu. Il y a pourtant des exceptions. J'ai été étonné comment certains hommes au RSA savaient entretenir leur appartement mieux que moi. J'ai rencontré, dans le cadre de l'enquête, un homme par exemple, où chez lui tout est nickel. J'étais tellement surpris que je lui en ai fait le compliment. Et il m'a bien confirmé qu'il faisait toutes ses corvées seul. Que pour lui, c'était une façon de ne pas se laisser aller. Donc, pour lui, l'espoir est encore là. En tout cas, il en donne les signes. Pour s'en convaincre ou pour continuer à croire à quelque chose ? Peu importe, l'important, c'est qu'il soit bien en lui.
Parfois (voir souvent) certains hommes seuls font appel à une soeur, une amie pour faire leur ménage. Oui, ça arrive. J'en ai rencontré un autre pour qui c'était le cas. D'ailleurs son moral était au beau fixe, lui aussi. D'avoir une visite, même une aide, ça rassure, les gens se sentent moins seul. Et puis, bien sûr, il y a en majorité chez ces hommes seuls au RSA avec seulement 404 euro pour vivre, une immense solitude. Cela se transmet par un laissé aller et cela se voit sur leur tenue comme dans leur appartement. La précarité se voit de partout. Même s'ils ont fait parfois un peu le ménage parce qu'ils attendaient ma visite. Mais je remarque qu'ils ne sont pas organisé. D'ailleurs, ça m'a ramené à mon propre cas. J'ai remarqué que moi-même, j'avais tendance à laisser un peu tout en bazar ces derniers temps. Oui, je l'avoue, mon appartement est depuis quelques mois, mal rangé, le ménage est moins bien fait. Ce n'est pas le laissé aller total, mais ça en prend le chemin. Comme dirait le dicton : c'est le début de la fin.
Mais parlons encore un peu de ces gens, car leur cas et bien plus intéressant
La précarité d'un appartement ne se rencontre pas seulement chez les hommes. Il y a des femmes seules jeune ou moins jeunes, même avec un enfant, qui ne tiennent pas leur appartement. C'est une des causes du chômage et d'une solitude mais pas seulement. Cet état de fait est à mon avis les premiers signes d'un manque d'intérêt et de motivation de la vie qui peut être suivi d'une dépression. Il y a aussi des gens qui entassent dans leur logement des tonnes de papiers, boîtes ect. Cela s'appelle le « Syndrome de Diogène ». Il touche toutes sortes de population, hommes ou femmes, gens chômeurs ou salariés. Bien sûr, je cible juste les personnes concernés par mon étude (chômeurs-chômeuses au RSA). Mais en lisant un rapport sur ce sujet, j'ai pensé que c'était important de vous en parler ici aujourd'hui. Que faire me direz vous ? Et bien cela concerne les services sociaux. À mon avis, c'est une pathologie qui relèverait plutôt du domaine médicale, mais tout le monde s'en fout de ce que je pense. N'oubliez pas que je ne suis qu'un mercenaire. Rapporteur, certes, mais mercenaire quand même.
Ça me donne l'air intelligent de parler de ce fait que j'ignorais encore il y a quelques jours. Ben oui quoi, faut savoir se donner des airs.
N'empêche j'apprends des choses grâce à petite Lucie d'amour, pas si petite mais plutôt dans la moyenne de taille et même si elle est d'amour, elle n'est hélas pas le mien (d'amour), même si moi je l'aime plus que tout au monde.

Jeudi, je vais rendre mes quelques rapports à Lucie afin qu'elle les porte à « barbe grise » le grand manitou de la commission. Je vais retrouvé mon jolie amour qui ne l'est pas. Et elle, elle va retrouvé son Karleman râleur. Notez que si je suis râleur, j'ai des excuses avec ce que je vois. C'est vrai je suis râleur, parce que, ce qui se passe dans notre pays, je ne l'accepte pas. Ce n'est pas contre Lucie que je râle, mais oui, je suis râleur et c'est comme ça.
Comment ne rien dire devant tout ces faits ? Même si je vais essayé jeudi de me faire violence, de me taire, de ne rien dire et de l'écouter parler. Je ne promets rien. Mais je vais essayé.
Au moins, nous allons nous revoir. Pour un instant, nous serons ensemble à parler de boulot, d'autres choses peut-être. Et puis à 17H00, nous retrouverons chacun nos petites vies. Elle, son bébé qu'elle va cherché dès la sortie de son travail tous les jours que dieu fait ainsi que son Namoureux chéri un peu plus tard dans la soirée. quant à moi, je retrouverai, Didi mon petit ordi et Georges mon Yeti.
Chacun sa vie, chacun sa destiné.
Le soir, moi, je ne peux m'empêcher de penser à tous ces gens précaires que j'ai rencontré.
Bientôt mon job de rapporteur sera terminé.

Quelle vie on mène quand on est mercenaire quand même !

Note : parfois mes z'aventures sont loin d'être drôle...

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Commentaires
K
La Bernache - Ho tu sais, parfois, Didi n'en fait qu'à son pentium. :))<br /> Bises. Amicalement
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L
Que ton ordi s'appelle Didi c'est sympa :-) j'espère que tes relations avec lui sont moins conflictuelles que les miennes avec celui qui me sert ! amicalement
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K
Elisa - J'ai la prétention de déranger encore très longtemps. :)<br /> Je me vois comme un dérangeur public. :))<br /> En fait, les gens qui ennuient, c'est qu'ils disent certainement des choses vraies.<br /> Merci chère Elisa de ton passage.<br /> à très bientôt j'espère. Tendresse.<br /> Amitiés
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E
"Si, tu écris, tu déranges. Si, tu t’exprimes sur des choses qui se passent réellement dans la vie, tu déranges. Si, je tu te confies sur ton blog, tu déranges. Tu as la faculté de dérangement. tu t'y résignes, car tu aimerais convaincre. tu dérangera même après ta mort..."<br /> <br /> je ne sais plus de qui est cette phrase, mais je pense qu'elle résume bien les politiques facent au quart monde...Tendresse.
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L'homme qui n'a pas d'étoile
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