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L'homme qui n'a pas d'étoile
29 avril 2011

Buffalo Karl

Qu'est ce qui se passe dans ma petite vie de mercenaire au chômage. Des aventures mes amis(es), car ma vie est un roman tellement... enfin, c'est bien quoi, qu'on pourrait en faire un film. Si d'abord !
Tenez, dans ma petite ville vieille, par exemple. Nous sommes presque à la limite des terres sauvages. Si si ! Et même qu'il y a un troupeau de bisons qui s'est installé près de la ville, broutant l'herbes bien grasse de nos moutons qui font la gueule et protestent en défilant avec des pancartes « mort aux vaches bisons ».
Comme je vous le dis.
Ici, c'est le Far West, l'aventure, les prairies inexplorées. L'inconnue mystérieuse des grandes étendues inexplorées, la vraie de vraie, celle qui vous donne des frissons et l'envie subite de prendre un chariot et d'aller à l'aventure toujours plus loin. Enfin bon, moi non, parce que j'ai peur des bêtes. Des lapins surtout.
Bref, lorsque j'ai aperçu ce troupeau de bisons, j'ai eu la même pensée que les indiens. Je me suis dit que c'était le temps du renouveau et que la chance était de retour. Si si, les indiens pensent ça.
Voici donc une des aventures de votre mercenaire dans sa petite ville. Ambiance presque western.
Je rentre avec un échantillon de peaux, dans le café saloon, celui qui se trouve tout près de chez le boucher que même les poivrots du coins confondent l'entrée et commande un demi au lieu d'une escalope. Mouaip, c'est comme ça. J'ai changé de métier. Je suis trappeur à présent.
À une table, il y a Naima et Lucie qui prennent aussi un petit café avec beaucoup de rhum. Surtout Lucie, parce que c'est une adoratrice du café et de la biture. Un petit noir, bien arrosé, comme elle dit, la limace, comme tout le monde l'appelle affectueusement dans la région. Naima, bien qu'elle soit indienne arabahao, elle boit du rhum. Le rhum est interdit aux indiens, je sais bien. Mais le tenancier fait du trafic. Ben oui, j'vous dis qu'c'est l'ouest ici, la porte de la civilisation. Naima, en arabahoe ça veut dire : petite araignée qui mouille. Je ne connais pas la signification exacte, je ne parle pas arabahoe.
Je demande au tenancier un café avec quatre sucres, parce que j'aime bien un café avec quatre sucres et parce qu'ils sont tout petits dans les saloon, les sucres pas les cafés, et que sinon c'est pas assez sucré. Je m'assoie à une table seul parce que j'aime pas la compagnie des étrangers que je ne connais pas. Normal, ce sont des étrangers, donc de parfait inconnus pour moi. Et pis, les autres puent la vinasse et moi j'aime pas.
Et puis, comme ça, histoire de meubler la conversation, parce que même si je suis seul comme un putois de prairies qui s'est pas lavé pendant quinze jours, ce n'est pas une raison pour ne rien dire, je lance à l'assemblée d'ivrognes :
« Appelez moi Buffalo Karl ! ».
Là silence. Puis... éclats de rires. Des jaloux je vous dis. Mais je laisse courir, parce que j'ai rien à prouver à personne, surtout pas à des pochtrons.
Le temps passe. Tout à coup, voilà que se ramène un cul-terreux soufflant comme un taureau dans une arène pendant une corrida. Il cri, il hurle, il s'égosille.
« Ha les salauds ! Ha les ordures ! Jojo ! Sert moi un double canon ! »
Jojo, c'est le patron du saloon. On l'appelle Jojo, parce qu'il est pas beau, donc joli-jojo, vous comprenez ? Il paraît qu'il l'a été fut un temps dans sa jeunesse. Moi je dis que c'est des conneries, que c'est pas possible tellement il est peû, moche quoi, mais bon.
Le cul-terreux a les glandes. Il explique à toute l'assemblée que son troupeau d'élevage de bisons fraîchement arrivé a été complètement massacré dans la nuit et qu'ils ont tous été dépouillés de leurs peaux. Alors bon. On a pensé tout de suite à accuser les indiens et puis voyant que l'hypothèse ne tenait pas debout puisqu'il y en plus dans les parages sauf Naima l'arabahoe, ils ont pensé aux jeunes de la banlieue de la ville d'à-côté, parce qu'il faut bien trouver des coupables et puis des jeunes, il y en a plein avec des mines patibulaires. Alors il y a un gentil qui les défend et qui fait la supposition que ça serait peut-être des loups. Des loups ? Non, ça serait étonnant. Peut-être des ours alors ? Non, peu probable. Alors tout le monde s'engueule parce que c'est comme ça ici, surtout les poivrots du coin. Moi j'écoute, je ne dis rien et je glisse doucement mes peaux en dessous de la table parce que non seulement ce tripot est plein sacs à vin mais aussi il y a des voleurs. Et puis, je n'ai pas l'habitude de me mêler des affaires des autres, surtout celles qui ne me regarde pas.
Tous les gens écoutent et compatissent aux malheurs du pauvres cul-terreux au bord de la crise de nerf et même Lucie a qui il fait une caresse amicale sur sa croupe comme si c'était une jument. Notre maire, apprenant la nouvelle, est effaré par ce qui vient de se passer. La ville est effondrée, sauf moi. Parce que ça sert à rien non plus. Ce qui est fait est fait. Et pis, des bisons, y'en a plein les plaines...

Le cul-terreux en question, c'est un des éleveurs de la ville au fait. J'ai oublié de vous le dire, mais vous l'aviez deviné, puisque je vous en ai parlé. Mais bon, faut quand même le souligner parce qu'après vous me direz que je ne vous dis rien. Ben oui, nous avons des éleveurs chez nous. Je vous le dis, c'est le Far West ici.
Alerté par les cris de l'éleveur ou par la soif, la shérif nouvellement promu il y a plusieurs mois, Amélie et son adjoint, arrive dans le saloon. Là, l'éleveur raconte ses malheurs. Que ses 18 bisons ont été massacrés par une bande de fous dangereux qui ne méritent qu'une chose, être pendu par le kiki jusqu'à ce que mort s'ensuive ! Là moi je dis en rectifiant calmement :
- Pas 18... 17...
Là, l'éleveur me dit :
- Si si ! 18 bisons môsieurs ! Tous morts ! Massacrés par des fous !
- Non... 17... Il y en avait un qui était déjà mort certainement d'une crise cardiaque !
Là, la chef de la police me regarde d'un air soupçonneux et me demande :
- Comment le savez vous ?
- Ben il était tout raide, la bête...
- Non qu'il y en avait que 17 ?
- Ben parce que je les ai compté pardi ! Que je dis comme ça.
Toute l'assistance me regarde les yeux fixés sur moi comme si j'étais Jack la chique le chercheur d'or qui aurait trouvé la plus grosse pépite de la région et pourrait payer la lourde ardoise de bière qu'il doit au tenancier du saloon. Et tout à coup. Lucie se jette sur moi, heureusement retenu par le shérif adjoint, en criant :
- C'est lui ! C'est lui qui a tué ces pauvres bêtes ! Tout ça c'est de sa faute !
Alors, Naima intervient.
- Non Lucie ! Tu ne peux pas accuser comme ça quelqu'un qui a une tête d'innocent... je veux dire qui semble innocent.
- Pourquoi penses-tu que c'est lui ? Demande la chef de la police. Parce qu'elles se tutoient et qu'elles sont copines.
- C'est toujours lui qui fait des sales coups ! Et puis regarde, il a un ballot de peaux ! Je suis certaine que c'est de la peau de bison !
Alors la shérif se tourne vers moi et me demande si elle peut regarder mon chargement suspect.
« Bien sûr ». Que je lui réponds. « J'ai rien à cacher ».
Et de constater que c'est bien des peaux de bisons fraîchement abattu. Alors moi, j'explique que la prairie est à tout le monde. Et que oui, j'ai bien aperçu un troupeau de bisons et comme je n'ai plus de contrat de mercenaire, vu que c'est calme en ce moment, je me suis reconverti dans la chasse aux bisons. C'est mon droit non ? Et puis il faut bien vivre.
Tout le monde a voulu me pendre, mais bon, ils ont eu peur de mon lance-pierre. Du coup, la shérif m'a tazé quand même pour m'enfermer dans la cave de la mairie parce que nous n'avons pas de prison ici. Et quant aux peaux de bisons...
Lucie a téléphoné à son Roméo.
- Roméo ? Ramène toi ! Ce soir tu as de la moquette à poser !
Depuis, dans l'appartement de la belle, il y a de la moquette cent pour cent bison.
Moi, on m'a relâcher fautes de preuves et faute de juge surtout. Ben oui, on a pas les moyens de s'en payer un. Alors les villageois sont tous parti à la chasse aux indiens, mais pas les arapahoes parce qu'ils ont eu peur de Naima avec son fouet menaçant, aux jeunes à la mine patibulaire, aux ours et aux loups parce que c'est comme ça chez nous. On fait tout en vrac. Mais tout les chasseurs sont rentrés bredouilles et aussi bourrés que des polonais, parce qu'ils picolent quand ils partent en expédition punitive. C'est comme ça ici.
Quant aux moutons, ils sont content. Ben oui, les prés sont complètement à eux à présent. Comme quoi, tout est bien qui fini bien.
C'est y pas une histoire pleine de convivialité, d'hospitalité de l'ouest, de suspense, de mystère et d'aventure ça ? Mmmh ?
Elle est pas bien notre ville d'honnêtes citoyens ? Je suis certain que vous aimeriez habiter dans notre région...
Moi, je vous le dit. Nous n'avons rien à envier à Farview ni à Twin Peak's !

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Commentaires
K
La Bernache - Merci. Bonne journée ensoleillée. :)
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L
Le décor est planté ! sauvage à souhait - crasseux - puant - révolvers à la main - J'ai beaucoup apprécié ton récit pareil à un film Américain - cachet Western garanti ! merci de ce moment de délassement cher Karleman ;-)
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K
WonderCat - Hier, je n'ai pas pu poster de coms sur aucuns blog de canalblog. Argh !<br /> J'ai essayé chez toi, impossible, chez Lou pareil. Aujourd'hui, ça marche de nouveau, je pense. Je passerai demain ou ce soir chez toi. :)<br /> Merci pour le compliment :)<br /> Heu... je sens pas le putois, hein ?! C'est pour rire ! :)) Quoi que... :)) Par contre, je sens le fauve ! :))<br /> Bisous bonne soirée
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K
Eve - Merci. As tu aussi des problèmes pour poster des commentaires ? Moi oui... <br /> Bonne soirée bisous
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W
ça re-fonctionne chez toi ou chez moi !!!car c'était la misère sur les blogs !!lol!<br /> LE putois n'est pas solitaire!!!IL empeste mais c'est pour qu'on lui fiche la paix ......!!BUFFALO-KARL,il est temps que tu mettes dans ton ""tub "de l'eau chaude du savon (oui,oui,à l'ancienne!!)et ,que tu te baignes dedans!!!sinon tu vas finir par attirer les mouches !!!lol!<br /> TU devrais sérieusement écrire !!!bonne soirée ,bisous
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L'homme qui n'a pas d'étoile
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