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L'homme qui n'a pas d'étoile
25 octobre 2014

sortilèges

Je devais avoir 14 ans à l'époque.

Je ne sais pas pourquoi cette histoire me revient à l'esprit parce que j'ai tout fait pour l'oublier. Et aujourd'hui, je vais vous la raconter.

J'étais donc adolescent, à l'époque des faits. Nous habitions dans une maison qui se trouvait  dans un quartier bourgeois, en plein centre d'une petite ville. La vie y était agréable. C'est à cette époque où j'ai été le plus heureux d'ailleurs. La majorité des gens étaient gentils et m'aimaient bien. Il faut dire que j'étais un garçon très sympathique. Tout le monde m'aimait. Même les commères. Parfois, même les gens méchants que je n'aimais pas. Mais comme j'étais un garçon polis, je ne montrais pas mes sentiments.

Je me souviens d'une vieille dame. Elle n'était pas très sympathique. Elle était même antipathique à beaucoup de gens. Mais comme elle était très méchante et bien rare était les gens qui lui avouaient qu'elle ne leurs plaisait pas. D'ailleurs, je pensais même que tout le monde l'aimait bien cette vieille femme bizarre. 
Ma mère en avait une peur bleue. Bien qu'elle, elle aimait bien ma mère. Tout le monde l'appelait "la vieille sorcière". Ce que je ne comprenait pas parce que cette femme allait à la messe tous les dimanches. Enfin, je suppose qu'il existe des sorcières chrétiennes. Après tout. Pourquoi pas ?
Cette femme critiquait tout le monde. Personne n'avait grâce à ses yeux. Sauf quelques personnes comme ma mère. Parce que ma mère n'était pas une véritable bourgeoise puisque ancienne ouvrière. Et même que cela se voyait d'après le vieille dame. Et c'est vrai que ça se voyait, d'ailleurs. Il n'y a pas de honte d'être une ancienne ouvrière. Ma mère était une personne simple. Une ouvrière et une ex-paysanne. Une fille de la campagne, enfin. 

Dans le quartier, avec le temps et en grandissant, j'ai compris que personne n'aimait la vieille dame sorcière. Beaucoup de femmes lui prêtaient des pouvoirs magiques. On disait qu'elle jetait des sortilèges aux gens pour les rendre malade. Un jour, elle était au boucher et elle était passé devant tout le monde parce qu'elle n'avait pas le temps. Personne ne lui avait rien dit. Le boucher, un brave homme, s'était excuser avec ses propos :
"Mieux vaut la laisser passer cette vieille sorcière !".
Et tout le monde avait été d'accord mais sans trop en rajouter. 
Oui, cette vieille femme faisait réellement peur. 

Un jour, il avait fallu que quelqu'un lui apporte une note du curé de notre paroisse. Et comme aucunes femmes fréquentant la paroisse et pas même un jeune fille n'avaient voulu se dévouées, on avait décrété que je serais l'envoyé du ciel pour me rendre auprès de la vieille sorcière. Un ange en enfer, en somme. Mais je n'avais pas peur. J'étais déjà un super héros malgré moi. Pour être plus sérieux, je ne croyais pas à ce genre de sornettes. Même si à la campagne, il existait une ou plusieurs personnes pratiquant, encore aujourd'hui, le chamanisme. 

Je me suis donc rendu en émissaire, nommé par les dames, par ma mère et monsieur le curé, auprès de la vieille sorcière. Je n'avais pas peur. Parce que, je le répète, ce genre de foutaise, j'y croyais pas du tout... à l'époque. 
Même si j'avais un corbeau dans ma vie... 

La vieille dame sorcière m'aimait bien. Elle me trouvait gentil, poli et même beau. Elle me le disait toujours. 
"Toi, tu es beau en plus ! Je t'aime bien". 
Heureusement, elle ne m'embrassait pas. Sauf, pour le nouvel an. Mais j'embrassais beaucoup de gens à cette époque. Et comme j'ai horreur de faire des différences, j'embrassais la vieille dame sorcière.
Je me suis donc rendu chez elle et elle m'a invité à entrer pour m'offrir des gâteaux secs. J'ai accepté même si je n'avais pas faim parce que j'étais un garçon polis et que je ne voulais pas lui faire de la peine. Je ne la trouvais pas réellement méchante, à cette époque. Et puis, elle aimait bien ma mère, ma soeur, mon frère et moi. 
Mais il y avait une ambiance étrange chez elle. On ressentait un malaise. Elle n'était pas pauvre. Elle était même aisée, d'après son mobilier. Elle n'avait pas de mari. J'avais cru. Mais elle n'avait jamais été mariée. Elle n'aimait pas les hommes d'ailleurs. Elle me l'a dit. Les hommes étaient tous des dégoûtants et il ne fallait pas que je grandisse. "Si seulement tu pouvais rester toujours un enfant, mon petit Karl ! Mais hélas, tu changeras..."
Bref, elle radotait. Elle n'aimait vraiment personne. C'est pour ça qu'elle était seule.
Elle n'était pas belle. C'est vrai. 
Bref, ce jour-là, elle avait regardé passé par la fenêtre le maraîcher qui se trouvait pas très loin de notre quartier et l'avait "maudit" en lui souhaitant que son pied s'enfle. 
Pourquoi ? Qu'est ce qu'il lui avait fait ? Je n'en savais rien. Elle s'était métamorphosée et là, on peut dire qu'elle avait vraiment l'air d'une vraie sorcière. 
C'est vrai, j'ai eu un peu peur. 
Puis, elle m'avoua que sa mère était une guérisseuse. Guérisseuse ? Pourquoi voulait-elle le mal de maraîchers alors ?
Moi, j'aimais bien ce monsieur. Il était gentil avec moi. 
Quelques jours après, le monsieur avait son pied dans un triste état. 
Je n'avais parlé à personne de ce que j'avais vu. 

Cette vieille dame n'aimait pas un monsieur très gentil. Ce monsieur était aimé de tout le quartier. C'était un homme très costaud, grand et fort. Et il était vraiment très sympathique avec tout le monde. Même envers elle. Enfin, il était poli et courtois avec elle, en tout cas. Mais elle, j'ignore pourquoi, elle ne l'aimait pas.
Un jour, la femme de ce monsieur, car il était marié et avait deux enfants, s'était fâchée et disputée avec la vieille sorcière. Bien sûr, le monsieur avait défendu sa femme. C'était normale. D'ailleurs, c'était elle qui avait commencé en critiquant ses enfants qu'elle trouvait méchants. Ce qui était faux. Ces deux enfants n'étaient pas méchants du tout. 
Mais, la vieille sorcière avait une dent contre eux. 
Bref, elle avait dit à cette femme qu'elle et son mari ne l'emporterait pas au paradis. J'avais trouvé cela bizarre, qu'elle mette le paradis dans l'histoire. Je pensais, d'après ce que j'avais vu quelques semaines plus tôt, qu'elle n'avait pas vraiment trop de relations avec les saints du paradis. A la limite, ceux de l'enfer... je ne disais pas.

J'avais appris à ne plus l'aimer. Elle me semblait méchante et nocive, cette femme. Je faisais tout pour l'éviter. 
Mais un jour, elle se trouvait à la petite presse du quartier et elle m'avait attrapée par la manche de mon blouson au fond du petit magasin, comme l'eut fait un truand avec son complice, et m'avait chuchotée ces mots :

"Tu vois ? Il est là, celui-là. 
Elle parlait du monsieur gentil. 
"Tu peux être certain qu'il va mourir. Regarde moi ce sale homme méchant".

Le monsieur achetait ses cigarettes et faisait son loto. Moi j'avais eu peur d'être vu avec elle. Je ne partageais pas son avis et sa méchanceté sur cet homme. Je ne l'aimais vraiment plus cette femme. Je la trouvais laide, méchante et elle puait la charogne. Je l'avais saluer puis j'avais acheter des timbres (à l'époque, on pouvait acheter des timbres dans une presse). 
Les semaines passèrent. Le monsieur grand et fort avait fini par changer. Je me m'en étais pas rendu compte. Un moment, je ne le croisais même plus en allant au collège. Et puis, un matin, je ne l'avais même pas reconnu tellement il avait maigri. 
Ce monsieur mourût d'un cancer foudroyant dans les mois qui suivirent. Il était encore jeune. J'ignore quel âge. Mais il ne devait pas avoir plus de quarante ans. C'est plutôt rare de mourir si jeune.

Je n'ai jamais plus eu d'estime pour cette vieille sorcière. Je l'évitais encore plus. Une fois, j'avais même oublié de lui dire bonjour. Elle m'en avait fait la remarque ainsi qu'à ma mère lorsqu'elle l'avait croisée dans la rue.  

Je pense que nous ignorons tout de ce que nous appelons magie. La nature est là plus longtemps que nous et lorsque les humains disparaîtrons, elle sera toujours là et reprendra ses droits.
Scientifiquement, la magie est impossible. Mais que savons-nous des neutrons qui nous entoure. Que savons-nous de la volonté de notre cerveau ? Peut-être que c'est possible de contrôler les "choses invisibles".
En tout cas, cette femme était mauvaise et faisait le mal.
Mais, le mal est parfois combattu et puni par le bien d'une façon très étrange.

C'était un début d'après-midi. Il faisait un beau soleil. C'était un début de printemps. J'avais croisé la vieille sorcière et je l'avais saluer pour ne pas contrarier ma mère. Et puis, sincèrement j'avais peur qu'elle fasse du mal à ma famille. 
La vieille sorcière était contente. Ce jour-là, il y avait des corbeaux dans le ciel. Une nuée de corbeaux. Plus de dix. Ils étaient beaux dans leurs robes de plumes noires. J'aime les corbeaux et les animaux en général. 
Les corbeaux volaient bas au-dessus des voitures. Cela avait agacé la vieille sorcière. 
"Corbeaux de malheur !". Avait-elle dit tout haut. 
Corbeaux de malheur ? Non. Chez les Celtes, les Germains et les Vikings, le corbeau est un messager de bonheur. Il est aussi le messager entre les personnes vivantes et mortes, entre le présent et le passé et le messager des dieux. 
Et les corbeaux ne font aucun mal à personne. Ils mangent les cadavres pour nettoyer la terre. Voilà tout.
Moi, j'aimais bien voir voler les corbeaux. C'était rare de voir ce spectacle. Et je n'ai pas été d'accord avec la vieille sorcière. Elle m'avait répondu que j'étais bien naïf et bien sot d'aimer le vol de ces oiseaux. J'avais souri. Puis, je l'avais quitté pour continuer mon chemin vers le collège. C'était un bon prétexte pour quitter cette femme mauvaise. Elle m'avait dit de bien travailler à l'école. J'avais souri et j'avais continué mon chemin en tournant à droite dans une petite rue, trop content de ne plus voir ni entendre cette vieille femme méchante.
Quelques secondes, peut-être deux minutes plus tard, j'avais entendu un crissement de pneu et un gros bruit. Je m'étais arrêté et retourné en vain parce que je ne pouvais rien voir de là où je m'étais engagé. C'était certainement qu'un carambolage. Cela ne valait pas que je sois en retard à mes cours. 

Le soir, j'apprenais par ma mère que la vieille sorcière était morte.
D'après les témoins, elle avait voulu donner un coup de poing à un corbeau qui volait trop bas sur elle et elle n'avait pas vu arriver la voiture en traversant la rue. La voiture n'avait pu l'éviter et avait projeter la sorcière dans l'air. La vieille dame avait volée comme un bout de chiffon, tellement le choc fut violant.
Malgré cela, elle n'était pas morte sur le coup. Une personne était parti appeler les pompiers à une cabine téléphonique. Parce que, à cette époque, les téléphones portables n'avaient pas encore été inventés. 
La vieille dame avait le crâne ouvert. Les pompiers avaient mis beaucoup de temps à arriver. On ignore pourquoi. Ils n'étaient pourtant pas loin. Mais les choses sont ainsi. Et lorsqu'ils sont enfin arrivés, ils ne pouvaient plus rien.
La dame mis beaucoup de temps à mourir. Elle avait appelée sa mère. Elle savait qu'elle allait mourir et elle avait peur. Personne ne se trouvait près d'elle. Personne ne l'avait réconforté. Seul, un pompier le fit. Mais c'était trop tard. Les pompiers n'avaient même pas pu la soulager un peu. Elle était morte dans une grande souffrance.
Lorsque ma mère m'avait dit qu'elle avait souffert, je lui avais répondu que ce n'était que justice puisque qu'elle avait fait souffrir ce monsieur, elle aussi. Ma mère n'avait rien dit. Elle savait que j'avais raison.

Je pense que le jugement vint du ciel. Les corbeaux avaient rendu la justice du mal que la vieille sorcière avait fait à beaucoups de gens. Car elle avait fait beaucoup de mal aux gens.
Parfois, il faut faire très attention avec les pouvoirs magiques. Plus tard, j'ai lu un livre sur le chamanisme. Il était écrit que lorsque quelqu'un bousculait la nature pour faire le mal, celle-ci se vengeait un jour ou l'autre.

Il serait bien que certaines personnes retiennent cette histoire si elles ne veulent pas finir comme cette vieille femme méchante.Notamment les personnes qui jouent avec la magie pour faire du tors aux autres. Ces personnes risquent tout bonnement le jugement des corbeaux.
Parce que, je connais des gens qui ce réjouissent du malheur des autres. Et ces personnes sont bien en danger.
En général, cela commence par un cri à la tombé de la nuit ou au tout début du jour. Et puis, c'est l'escalade de tas d'évènements bizarres dans leurs vies.

Histoire d'Halloween ? ... pourriez-vous en mettre votre main au feu ?...

 

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Commentaires
B
Non, je parle un peu le chat, pas forcément noir d'ailleurs... Mais le corbeau, j'ai du mal, je roule mal le RRRRRRRRR !
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B
Oui mais l'inconvénient c'est que je voudrai du mal à quelqu'un... bon, c'est quelqu'un qui me veut du mal aussi mais, bon, je crois qu'il vaut mieux que je l'ignore ! Ce sera plus intelligent ! (et je ne parle pas le corbeau surtout !)
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B
J'aurais bien besoin du jugement des corbeaux pour une autre méchante que je connais et qui pourrit la vie des autres dès qu'elle le peut ! On peut passer commande, tu crois ? :-)
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B
Ce que l'histoire ne dit pas - bien qu'elle soit passionnante - c'est pourquoi la vieille sorcière était méchante ? Etait-ce dans sa nature ? Lui avait-on fait du mal avant ? (ça ne justifie pas mais ça peut expliquer). <br /> <br /> Beaucoup de gens sont jaloux les uns des autres et ça provoque des haines, des rancoeurs et plein de choses pas belles du tout. Est-ce qu'elle avait vraiment un pouvoir magique ou est-ce juste le hasard qui lui donnait raison ? Ou bien faisait-elle partie de ces gens qui "ressentent" davantage que les autres ? Elle n'aurait donc pas provoqué ces malheurs mais elle les aurait "ressentis" à l'avance et annoncés comme des mauvais sorts. <br /> <br /> Bises :-)
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F
A un moment j'ai failli virer dans le crime car une ville voisine etait infestée de delinquants et que je voulais en tuer certains qui m'avaient causé du tort (j'ai ete a l'hopital). Et je me suis imaginé comment je serais face a la mort si ma vie s'etait resumée au crime, et je me suis vite rendu compte que ma mort serait plus dure a vivre en ayant commis des crimes. Donc oui, les personnes mechantes sont punies a leur mort car ils n'auront pas le soutien de tous les actes bons qu'ils auront fait dans leur vie pour se dire que son role est joué.
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