COMME D'HABITUDE
Victor se lève sans conviction ce mâtin. Il se sent seul. Mais il est seul. Plus seul que lui, il y a Robinson Crusoë ou bien le malade que personne ne vient voir à l'hôpital, ou bien le retraité qui attend une visite qui n'arrive jamais... Mais pour l'instant, l'heure de la retraite n'est pas d'actualité, donc il doit continuer son chemin. Enfin, il faut savoir s'entraîner dans la vie, on ne sait jamais... En tout cas, pour finir la retraite seul, ça il est bien chaud ! Il s'entraîne durement tous les jours.
Il n'aime pas le visage que lui renvoi la glace. Le miroir des mâtins chagrins. À force, il se demande s'il a connu des mâtins de bonheurs. Même en cherchant bien... Si, bien sûr, mais il y a si longtemps.
Il a envie de retourner se coucher, mais il sait qu'il faut se lever, aller chercher son pain, aller à l'ANPE, faire de trois courses au Lidl du coin et puis se faire à manger vite fait, car même manger est devenu un fardeau pour lui.
Et pour tout cela, dès qu'il aura franchi la porte de son appartement, Victor va faire semblant toute la journée. Faire semblant de sourire, d'aller bien, d'être courtois, d'être joyeux, d'être toujours sympathique et bien élevé et même qu'il va rire si l'occasion s'en présente.
Vraiment, il sait qu'il n'en peut plus. Il ne sait pas jusqu'à quand il jouera à faire semblant. Mais pour l'instant il continu et le pire c'est qu'il ne sait même pas pourquoi.