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L'homme qui n'a pas d'étoile
2 septembre 2008

Jardin et bancs publics

Rémi trimbale sa carcasse dans le jardin public de sa ville morte. C'est très intéressant les jardins publics. On y trouve toutes sortes de gens. Il y a les habitués et puis les gens de passages et il y a aussi les Sans abris qui sont assis sur un banc regroupés entre camarades d'infortunes, mais qui ne restent pas trop longtemps car le regard méfiant et narquois que leur portent les gens, finissent par les lasser. Et puis, la population sédentaire est devenue une ennemie qui semblent les épier pour appeler la police au moindre petit mot de travers.
Il y a quelques vieux, en couple. Eux aussi rentrent plus tôt, laissant la place aux plus jeunes. Eux aussi ont peur de déranger. Il y a aussi les couples avec leurs enfants. Il y a les solitaires dont Rémi fait parti. Et puis, il y a les jeunes couples ou les couples naissants de tout âges qui se prouvent leur amour par des bisous doux ou goulus. La nuit tombante, les bisous et les caresses deviennent plus pressente. Ainsi va l'amour. Doux comme un chant mélodieux. Mais gênant pour ceux qui en sont exclu.
Rémi s'est assis sur un banc. C'est le banc de son adolescence et de ses vingts ans. C'était l'époque de l'insouciance.
Rémi est sans amour. Il regarde un jeune couple et il les envie. Comme il aimerait être à la place de celui qui embrasse cette fille et qui caresse le dos, les bras de la bien aimée. Comme il aimerait connaître ces instants de bonheur. Mais il sait qu'il n'en a pas le droit. Il n'existe pas. Il est presque triste que les sans domiciles fixes et les couples de retraité soient parti. Au moins, il avait de la compagnie. Il ne leur parlait pas, mais il se sentait moins seul.
De nos jours, plus personne ne parle avec plus personne. C'est chacun de son côté. Presque chacun pour soi. À une époque il discutait avec tout le monde. Mais il n'a plus rien à dire. Parler de la pluie et du beau temps, il en a marre. Et puis, même de cela, les gens en sont presque lassé. Alors il préfère se taire. Ne plus rien dire. C'est comme ça.
À 22h00 la nuit est tombée. Le couple est toujours là. Ils ne voient plus personne autour d'eux. Ils sont seuls et heureux. Plus rien n'a d'importance qu'eux deux. Alors Rémi se dit qu'il ne doit pas se montrer plus impoli que les autres. Il se lève et rentre chez lui, dans son petit appartement vide comme son coeur.
Rémi est quelqu'un de froid. Il allume la télé mais il n'y a rien qui lui plaît. Alors il va se coucher sur son lit. Oui, sans se déshabiller, car demain il faudra se ré-habiller et il n'a pas envie. Il est très bien comme ça. Il n'aura peut-être même pas envie de se laver. C'est la solitude qui pue.
Allongé sur son lit, il repense au passé. Il n'a pas d'avenir, donc, il doit bien se raccrocher à quelque chose. Quand il est dans le noir, quand plus aucun bruit ne se fait entendre et qu'il n'arrive pas à trouver le sommeil, il se dit qu'il n'est qu'un fantôme.
Ses pensées le rendent triste. Parfois, sans qu'il sache comment cela arrive, de l'eau coulent de ses yeux. Et puis, il finit par s'endormir.


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Commentaires
K
Voilesdoiseaux - Merci.
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V
Tu as bien cerné le personnage et surtout ses sentiments. C'est exactement ça. Malheureusement.
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L'homme qui n'a pas d'étoile
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