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L'homme qui n'a pas d'étoile
22 juin 2008

Une chanson triste

La fête de la musique permet de voir ou de revoir les gens qu'on ne rencontrent pas souvent ou plus du tout.
Ainsi, Rémi, dont je ne vous rappellerai pas qu'il est « notre » rmiste sans famille, sans amis, sans chérie, sans personne dans la vie, décide d'aller cette fois, sur la place publique de sa ville où il y a une fête, de la musique bien sûr, qui y est organisée.
Car après tout, faut bien sortir les fauves, alors comme Rémi est un yéti, il en profite pour voir ce que ce spectacle propose.
Il y a un groupe de chanteur qui reprends les tubes des années 80. C'est pas mal et s'est nostalgique. Y'en a même qui ont les larmes aux yeux et qui brandissent des briquets allumés dans la nuit, qu'il ne fait même pas nuit d'abord.
Mais la musique adoucie les moeurs. Et notre Rémi écoute tranquillement les doux sons qui arrivent jusqu'à ses oreilles.
Il s'était qu'il retrouverait bien des amis ou des compagnons d'infortunes qu'il avait perdu de vue. Pas le club des playmobils, ceux là, il n'en a rien à faire. Mais peut-être Victor... Il aimerait bien savoir ce qu'il devient. Et puis au hasard de ses rencontres il s'est fait presque des amis(es) avec qui il aime bien discuter. Ça beau être un ours notre Rémi, il a un coeur. Mais il le cache bien. Par pudeur, pour ne pas montrer sa détresse...
Mais le spectacle commença et il n'avait pas vu visages connus. C'est pas grave, la musique remplaçait dans son coeur et dans son esprit toutes les conversations banales du monde. Enfin, il se disait ça. Car il faut bien se dire quelque chose...
Il est près d'un jeune couple qui n'a pas connu les années 80, mais qui semble connaître les paroles mieux que lui. Presque encore des adolescents. Ils se bécotent tout les cinq minutes. C'est beau l'amour...
Et puis à sa droite, il y a une couple d'une quarantaine d'année et même que la dame, ben c'est elle qui pleure en levant son briquet vers le ciel. Et même qu'il y a plein de gens qui font pareil et même le jeune couple à sa gauche qui se bécote. Mais Rémi n'a pas de briquet et puis le pétrole ça coûte cher. Y'en a j'vous jure ! Enfin. Il espère que la dame triste en larmes qui agite de gauche à droite son briquet dans le ciel ne va pas allumé un incendie dans les cheveux d'une personne ou bien ne va pas foutre le feu au ciel non plus ! Manquerait plus que ça !
Il ricane sur sa pensée, car bon, c'est la fête et il faut bien s'amuser non ?
Et puis la fête se termine, car comme toutes les bonnes choses, il y a une fin.
Alors Rémi se dit qu'il va retourner dans sa tanière, là où il fait lourd et même que les gens le sont aussi, car c'est comme ça. Et c'est alors qu'il prend le chemin du retour qu'il entend une voix féminine qui ne lui est pas étrangère qui l'appelle dans la nuit, car elle vient de tomber, pas la voix féminine mais la nuit.
Alors il se retourne et là, que voit-il ? C'est la nièce de Victor. En effet, cette jeune fille est devenue une femme et elle est accompagnée de deux bambins et d'un homme qui est son mari.
Il se rappelle très bien de cette fille. Il l'a connu enfant. Le temps passe vite. C'était la chouchoute de Victor. Ils étaient inséparable à une époque. Elle se suivait partout. Ha on peut dire qu'elle l'aimait son tonton. Il garde d'ailleurs une bonne image de cette fille. Elle était gentille, polie, un peu timide mais pas fière pour deux sous. Peut-être trois... mais pas deux.
Et qu'elle se jette à son coup pour lui faire la bise. Et le mari qui sert la main. Et qu'elle dit à ses petits garçons :
« Dite bonjours à tonton Rémi ! ».
Tonton Rémi ? Le voilà bien baptisé ! Mais bon. Pour une fois, il n'en mourra pas. De plus il est tonton, mais ses neveux et nièces ne le regarde plus.
Et les questions se mettent à pleuvoir de la bouche de la jeune femme.
Que deviens tu ? On se tutoie hein ? Qu'est que tu fais ? Où tu habites ? T'es marié ?
À toutes ces questions, il ne peut pas répondre. Il a pris sa voix de grognard de monsieur Edwards dans « la petite maison dans la prairie ». c'est juste pour vous dire la voix qu'il a.
Il essaye de répondre aux questions.
Me voilà. Ben oui, pourquoi pas ? Je suis venu au spectacle ? Dans ma b. ! Dans cette ville. Ho le mariage c'est pas pour moi ! Je le laisse aux autres !
Bien sûr, il a droit à ce fameux sermon qu'un homme n'est pas fait pour vivre seul. Il le sait bien pardi ! Mais comment lui dire ? Les gens mariés et surtout ceux qui sont heureux ne peuvent pas savoir ce que exclu de l'amour veut dire.
Et puis, il y a LA question fatidique. Celle qu'il n'attendait pas.
- Tu as des nouvelles de mon oncle ?
- Lequel ?
- Ben mon oncle Victor. C'est ton ami je crois ?
- Ha ben oui. Mais je connais tes autres frères aussi. Ben, je voulais justement te poser la question tien ! Je croyais qu'il serait avec toi ? Ou du moins que tu pourrais me donner de ses nouvelles !
- Ben non. Moi, ça fait des années que je ne l'ai pas vu !
Des années ? pense Rémi sans que les mots sortent de sa bouche. Mais revient-elle d'une exploration au confins de l'Amazonie ? A-t-elle été enlevée par des extra-terrestres ? Elle a été malade et mise en quarantaine pour la fièvre lapino-aphteuse, fièvre très dangereuse s'il en est ? Elle avait été exilée ?
- Ben ? Comment ça se fait ? Tu n'habitais plus la région ?
- Mais si. Mais je n'ai pas trop le temps.
- Tu n'habites peut-être plus la région ?
- Si si ! Mais j'ai vraiment pas le temps tu sais ? Les enfants ! C'est du boulot. Et puis, je travaille en plus.
- Ben, quand tu vas chez tes grands-parents ? Là tu dois le voir non ?
- Ben non. Parce qu'il ne vient pas aux fêtes... Donc, je ne peux pas le voir ?
- Tu pourrais l'inviter ?
- Tu sais, j'ai pas beaucoup le temps... Comme je te disais, je travaille et puis il y a les enfants. Et puis, il n'a qu'à venir !
- Si tu l'invites pas... j'vois pas comment il pourrait s'inviter ?
- Ben le téléphone c'est pas fait pour les chiens !
- Il a ton numéro ?
- Je crois... Tien, je suis même pas sûr...
- Faudrait peut-être commencer par l'appeler toi non ?
- Comme je te disais, j'ai pas le temps mon pauvre !

C'est toi qui est à plaindre ! pense Rémi.

- On trouve toujours le temps quand on veut. Tu dis que ça fait des années que tu ne l'as pas vu ? Et ben ! J'te plaints !
Après un petit silence, la jeune femme reprend.
- Tu n'as pas de nouvelles alors ?
- Ben non. Je ne le vois plus ! (il mentait le bougre, il l'apercevait) Je me demande même s'il est pas mort le Victor ?! Et puis, j'suis pas facteur non plus !
Encore un silence. Alors il reprend après qu'elle ait assez souffert de ne savoir quoi dire.
- Je ne peux pas te donner de ses nouvelles. Désolé. Normalement, tu le reverras avant moi... Enfin, j'espère... Si tu as le temps bien sûr !
La jeune femme et son mari sont un peu gênés. Alors, elle le regarde et dit.
- Bon... Ben on va te laisser, car les gosses sont fatigués. Ben on se reverra un jour ?
- Ben ça dépend ! En deux mille cinquante douze peut-être !
- Toujours le mot pour rire ! (faux sourire)
Et puis c'est la bise de Judas. Le serrage de mains fébrile du mari plus gêné qu'elle et les enfants qui demandent de rentrer depuis cinq minutes.
Rémi rentre chez lui. La joie qu'il avait eu lorsqu'il avait aperçu ce visage familier et qui lui rappelait de bon souvenirs l'avait laisser sur une impression amère. Il se pensait abandonnés de tous... Apparemment, Victor n'est pas plus heureux côté famille.
C'est marrant comme les gens changent. Qui aurait dit que cette fille deviendrait une femme si indifférente ?
Y'a pas se dit Rémi. En ce moment, il y a une maladie qui traîne. Ça doit être la jemenfoutite aigu !
Il rentre chez lui le Rémi. Il est sombre comme la nuit.

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Commentaires
K
Voilesdoiseaux -Merci beaucoup pour ton lien. Je viens d'y faire un tour. Intéressant. Je suis certain que beaucoup vont y faire aller, histoire de te connaître un peu. Je te laisserai un commentaire lorsque j'aurais plus de temps et lorsque j'aurais lis un peu plus. A bientôt
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V
Je laisse les portes ouvertes mais j'ai accepté le fait que ça pourrais ne jamais arriver. Qui sait ce que l'avenir peut nous réserver. <br /> <br /> Je te laisse l'adresse de mon blog pour le cas ou tu voudrais aller voir de quoi ça retourne. Tu me diras ce que tu en penses. <br /> <br /> http://www.envoleedoiseaux.canalblog.com/
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K
Voilesdoiseaux - Ton analyse est très bonne. Non, tu ne fais pas fuir les gens qui lisent se blog. Tu es une personne honnête. Tu viens de parler de toi et c'est bien que tu as eu ce courage. Ici tu ne dérange personne et tu ne seras pas censurée. <br /> Nous traversons tous dans notre vie une période de solitude. J'espère pour toi que tu trouveras bientôt un ami, un chéri et quelqu'un pour t'aider dans la vie. <br /> Non, tu n'es pas bizarre. C'est la vie qui est bizarre, c'est la vie qui n'est toujours pas très juste. Mais la roue tourne. Enfin, je veux le croire. Ce n'est pas un hasard si il y a tant de solitaires et de personnes seules, quelques soit leurs ages ou leur rang social. C'est cette société créée dans un individualisme égoïste et destructeur. Cet individualisme qui tue lentement et à petit feu. <br /> J'espère que tu vas te faire des tas d'amis(es) ici. Laisse un lien pour ton blog car, comme d'autres personnes, lorsqu'on clic sur ton lien, cela même à la page d'acceuil. Demande à Canalblog pour que ton blog apparaisse. Ainsi, nous pourrons tous aller te lire.<br /> Je me permets de te faire une grosse bise.<br /> A bientôt
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V
Je crois que la question qu'il faut se poser concernant Rémi est la suivante. Est-ce qu'il accepte sa situation ou si il l'a subie et si résigne ? Si il l'a subie il doit certainement en souffrir. J'ai relu le texte avec attention et je ne vois aucune tristesse ni détresse de sa part. Tout au plus le triste constat du chacun pour sois qui prévaut dans nos merveilleuses sociétés dites civilisées. Pour parler de moi bien que je n'aime pas parler de moi je dirais que je suis la copie féminine de Rémi. Sans famille, sans amis, sans chéri, sans personne dans la vie. LOL Est-ce que je suis une personne profondément malheureuse? Non. Est-ce que je suis une personne heureuse ? Non plus. Je dirais que c'est quelque chose entre les deux. Un no man's land. Quelque chose qu'on peut absolument pas décrire avec des mots. Je fais pas vraiment partie du monde des vivants et je fais pas partie du monde des morts non plus. En fait je fais pas partie de la game. Bon je m'arrête ici. J'espère que je ferais pas fuire tes admirateurs avec mes propos un peu bizarre.
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K
Libérienne- Hé oui. Comme dit le vieux proverbe. L'espoir fait vivre. <br /> Mais, tu m'as l'air de bien le connaître Rémi (sourire). C'est toi que j'ai vu aller prendre un petit café avec lui ? Mmmh ? <br /> Plus sérieusement. Oui, peut-être que Rémi espère comme chacun(e) d'entres nous des jours meilleurs. C'est normal, c'est humain.<br /> Merci pour ton commentaire.<br /> Bonne soirée et bisous
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