Ce qui ne sera jamais dit et ne peut être écrit
Il y a des choses que j'aimerais pouvoir dire et dénoncer pour que tout soit clair dans l'esprit des gens. Pouvoir exorciser une douleur immense qui est en moi et que je garde au fond de moi depuis trop longtemps, tel un animal blessé garde la pointe de la flèche qui l'a atteint dans sa chaire et continue sa route, sa vie avec ce métal qu'il supportera jusqu'à son dernier jour.
Ne plus trouver les mots. Ne plus pouvoir écrire et ne plus pouvoir dire. Ne plus pouvoir parler car je sais bien que je ne suis pas écouté... ou très peu compris.
Il serait peut-être préférable de tout arrêter. Tout détruire. Les écrits. Et puis le passé. Le passé ne s'efface pas... qui a dit ça ?
Le passé pour l'être s'efface quand il ne veut plus en entendre parler. On peut s'effacer. Il y a un moyen.
Détruire les écrits, les liens, les mémoires. Et puis s'effacer soi-même. Se détruire une nuit... lorsque tout le monde est endormi.
Enfin, tranquillement, s'endormir à tout jamais.
Si je trouvais les mots pour exprimer tout ça. Il me reste combien de temps pour le faire ? Combien de temps je me donne ?
Déjà, tout semble sans importance. Tout semble disparaître autour de moi.
Finalement, personne ne s'en apercevrait...
Mais il faut encore ruser. Continuer à faire semblant et sourire, s'efforcer à rire. Comme c'est excitant... Oui, je sais le faire. Raconter toujours les mêmes blagues autour de moi... celles qui font rire et qui ne me trahissent pas. Comme c'est simple finalement.
Et puis alors, le dernier coup. Écrire le dernier épisode... enfin.
Ce ne sont que des mots perdu dans l'infinité de la vie. Pouvoir encore écrire, mais ne plus savoir dire.
C'est encore plus horrible que la fin. Ressentir cela, c'est mourir toutes les minutes qui passe tout en restant vivant, inutilement.