Le mouchoir rouge
Un matin, je me suis réveillé comme un morveux. Oui, avec de la morve qui me coulait du nez. Je cherchais donc un mouchoir sur ma petite table de nuit, parce que j'aime bien avoir un mouchoir à porté de main, c'est comme ça.
Je me mouche bien fort pour faire profiter de ma trompe d'éléphant à mon voisin d'à côté et ma voisine du dessus, parce qu'il ne faut pas être égoïste dans la vie.
Je me lève, un peu fatigué, et je me traîne jusqu'à la salle de bain pour prendre une douche et ensuite me raser. Je suis encore morveux...
Décidément. Je me mouche encore une fois. Petite odeur bizarre. Étrange. Slurp ! Parce que oui, je goutte ma morve, je suis un cradoc.
Et là... surprise ! Dans mon miroir je vois que mon nez c'est transformé en torrent. Le sang coule tout doucement mais sûrement. Ce n'était donc pas de la morve, mais du sang.
Je nettoie tout ça, parce bon, c'est pas parce que je suis seul comme un paria apache rejeté par sa tribu qu'il ne faut pas faire attention à son apparence et rester avec la goutte de sang au nez. En même temps, ça me fait le bout du nez rouge. Mon blair en rougi, le sacripant. Avec mon teint pâle ça me donne une tronche de requin blanc. Si si. Vous n'avez jamais remarqué qu'il ont le bout du nez rouge, eux-aussi ?
Mon mouchoir n'est pas dans un super état le pauvre. Il ressemble à un drapeau révolutionnaire. Meinen lieber Bluterfahn... (mon cher étendard de sang, pour les personnes ne comprenant pas le germain).
Et chaque jours maintenant, depuis plus d'une semaine, je teints de mon sang mes mouchoirs. Pas seulement mes mouchoirs d'ailleurs, parce que la nuit, j'en fais aussi profiter mon oreiller que j'ai décidé de ne plus changer. Et puis, justement, j'avais envie d'un oreiller rouge. Chacun son fantasme...
D'accord, je me la pète grave là ! Et d'accord, je commence a flippé un tantinet...
Alors, j'ignore d'où ça vient, parce que cela faisait des années que cela ne m'était pas arrivé. Surtout comme ça... la dernière fois, j'avais dix ans.
Je ne m'inquiète pas outre mesures. J'en parlerai à mon docteur le mois prochain. Bon peut-être avant, parce que faut pas déconner non plus...
En attendant, j'agite mon petit mouchoir de sang, chaque fois que je dis au revoir à mes espoirs d'une vie meilleure, sur le quai de la gare de ma petite vie qui voit partir les trains de mes illusions perdues de tout en ce que je croyais. Parce que, je suis un brin nostalgique, en plus d'être fatigué, ces derniers jours.
C'est comme ça.