Tu as l'air d'aller bien... Je connais la chanson
Bien souvent, dans ma vie, des gens qui croyaient me connaître me disaient : « Tu as l'air d'aller bien ».
Je connais la chanson...
C'est ce que j'aurais pu leur répondre à tous, mais ne voulant leur faire aucune peine, je me suis contenté de leur sourire, les réconfortant et les confortant ainsi dans leur croyance, pour ne pas dire, leur foi en moi.
J'ai souvent entendu que j'étais « le meilleur », le « plus fort » et j'ai même entendu une fois ou deux (soyons modeste) que j'étais indestructible. Ben voyons.
Tu es « the best », « je ne te demande pas comment tu vas parce que je sais que tu vas toujours bien ». Oui, oui. Bien sûr...
Et pour conclure, parce qu'il faut bien conclure sur un compliment, bien qu'il y en ai d'autres, ce que j'ai entendu de mieux (si je peux dire ça) c'est : « t'es trop toi ! ».
Alors oui, tous ces bonnes choses, dans l'éventualité quelles soient bonnes, me sont ou m'ont été adressé bien des fois. Et croyez-moi, lorsque vous entendez ça depuis votre prime et tendre enfance, vous avez tendance à y croire un tout petit peu.
Alors comme ça, je suis tellement fort et indestructible que rien ne peut me toucher et que je fais pâlir de jalousie Superman qui vient de se pendre avec un élastique ? Oui, je sais, vous allez encore m'accuser du suicide de Superman ! Mais ce n'est pas ma faute à moi !
Parce que pour dire la vérité, je ne suis pas aussi fort que Superman et d'ailleurs lui non plus, vu que c'est un personnage fictif. Un héros quoi. Et les héros, et bien, je vais vous livrez un secret (mais ne le répétez à personne), ça n'existe pas. Je sais... je sais... je viens de tuer une légende. Espérons qu'Al Qaïda ne va pas lancer une fatouah sur moi...
Mais ce n'est pas le thème de mon texte. Non. Je dirais plutôt que cela se résume à une phrase.
« Tu as l'air d'aller bien ». C'est ce que j'entends le plus souvent.
Et bien...
J'ai maigri de dix kilos en une année. Mais ce n'est pas une question de poids non plus.
Si je vais bien ?
Je pourrais répondre comme je le fais tous les jours. Mais non.
Non, je ne vais pas bien et je m'autorise le droit de le dire bien haut. Je vais mal.
Quel est la cause de ce mal ?
Je vous répondrai qu'il n'y a pas une cause, mais plusieurs. Peut-être qu'il y a eu une cause et que celle-ci en a engendré une autre et par un effet domino plusieurs. Je ne peux le dire. Mais vous dire que je vais bien. Cela serait un mensonge.
Comme vous j'ai peur et j'ai froid. Comme vous je suis triste. Comme vous j'ai des doutes et des désespoirs. Comme vous, je ne sais pas et je ne suis sûr de rien.
Il y a une chose dont je suis certain, à présent. C'est que cela ne va pas. Alors je ne peux toujours pas vous en dire les raisons. Plutôt, je n'ai pas envie de vous les donner.
Non, je ne suis pas le plus fort. J'essaye depuis des années d'être le moins faible possible et croyez moi ce n'est pas si facile.
Non, je ne suis pas indestructible parce que je ne suis pas un robot et que demain je peux mourir écraser par une souris verte ayant mangée vingt tonne de spécial K super calorique. Je ne suis pas indestructible au mal qu'on peut me faire non plus et en tout cas à la souffrance qu'elle peut m'occasionner physiquement comme mentalement. Je ne suis pas indestructible parce que je ne suis pas un personnage de fiction mais un être fait de chair et de sang.
Non, je ne suis pas indestructible à la souffrance morale qui m'est affligé depuis tant d'années et dont j'ai fait comme si elle me glissait dessus.
Alors certes, tout ça, c'est un peu de ma faute. J'ai fait comme si rien ne pouvait m'atteindre et du coup, on a pensé que j'étais invincible. Je ne voulais mentir à personne, c'est à moi que j'ai fait ou plutôt infligé ce mensonge. Par défi. Par courage. Par fierté. Par je ne sais quelles vanités. Peut-être que je l'ai fait pour le meilleur mais aussi pour le pire. Pour protéger autour de moi les gens que j'aimais ou bien me protéger.
J'ai l'air d'aller bien tout le temps. Ça c'était avant. Mais je ne vais plus bien du tout. Pire encore, je vous l'avoue, je n'ai jamais été bien dans ma vie. Et je ne le supporte plus.
Mais le pire dans l'histoire... c'est que si j'ai menti, c'est parce qu'on m'a encourager à le faire. Parce que cela arrangeait ma famille, puis mes amis, mes proches, les gens etc.
Et puis, à force d'entendre que j'étais le meilleur et le plus fort... je crois bien que j'y ai cru moi-même.
Ne me jetez pas la pierre. Je sais que beaucoup d'entre-vous on menti bien souvent aussi pour faire plaisir aux autres. On nous apprend à ne pas être trop égoïste. Mais parfois, ceux qui nous enseigne ça, le sont souvent bien plus que nous. Qui pourrait les plaindre si nous allions mal et si nous ne pouvions plus nous occuper de leurs petits soucis ?
Et à ne pas être trop égoïste, nous devenons égoïste malgré tout. Ce n'est peut-être pas de l'égoïsme, mais c'est du mensonge et de la vanité. C'est peut-être presque pire. Mais inutile de nous auto-flageller. Les autres s'en occupent très bien pour nous infliger des peines que nous ne méritons pas.
Alors oui, je ne suis pas le plus fort et je ne vais pas bien.
Ce n'est pas dramatique. Ce n'est pas une alarme. C'est une prise de conscience. Un peu tard... peut-être ?
Non. En fait, il n'est jamais trop tard...
Enfin, normalement... parce qu'il se pourrait que bientôt ce soit trop tard. Mais ça, c'est une autre histoire.
Je conçois que ce texte est totalement dénué d'intérêts et parfaitement ennuyeux. Adieu prix Pullitzer...
Exceptionnellement, je ne répondrai à aucun commentaire. Merci de votre compréhension.