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L'homme qui n'a pas d'étoile
3 mai 2014

Membre d'un cercle

Si j'étais optimiste, je dirais que les choses bougent. 
Comme tant d'autres de demandeurs d'emplois dans notre pays, je suis inscrit à un cercle d'emploi.

Qu'est ce donc ? me demanderez-vous. Vous qui n'avez pas la chance -enfin c'est une façon de parler- de ne pas être au chôme-dû. 
Et bien, "un cercle d'emploi", c'est comme un cercle d'amis. Sauf que vous n'avez pas d'amis. C'est un peu comme un stage. Sauf que vous n'êtes pas payer. C'est un peu comme... Oui. Cela ne sert strictement à rien.

Je dois bâtir un projet professionnel. La bonne affaire. Ho, des projets j'en ai plein. Ou plutôt, j'en avais plein la tête il y a encore quelques années.

J'aurais voulu avoir un vrai boulot. Me lever le mâtin pour y aller et retrouver mes collègues autour de la machine à café. Sauf que ça... ben c'est que pour les fonctionnaires du conseil général... je sais. 
J'aurais voulu avoir une fiche de paie et le salaire qui va avec. J'aurais certainement pas été riche. Mais j'aurais quand même des sous et je ne serais pas à tirer le diable par la queue tous les mois. Oui, je tire le diable par la queue... et même qu'il a mal. Et moi aussi.
J'aurais pu me racheter un ordinateur. J'aurais pu me racheter une télévision. Je pourrais me payer des vacances, une voiture et avoir des tas de loisirs. Même si je n'aurais pas été riche, bien sûr. J'aurais pu au moins espéré faire des projets et en réaliser quelques uns. 
Enfin, je pense que je ne serais pas rester seul. Parce que le chômage isole beaucoup. Plusieurs amis m'ont tourné le dos depuis belles lurettes. Et quand à mes amours... bien sûr. On dit que cela n'a rien à voir. Mais noter que si. Parce que lorsqu'on est chômeurs ce n'est pas très glamour. Et d'ailleurs, que pouvez-vous payer à celle que vous aimé ? 
Oubliez les sorties et les belles choses. 

Donc, il me faut faire des projets. C'est un peu tard, je trouve. Mais il faut espéré. 

J'ai l'impression, comme beaucoup de gens dans ce cercle, qu'on se fout carrément de nous. D'ailleurs, il n'y a que des chômeurs de longues durées et des gens en échec. Nous sommes sensés nous entre-aider et nous donner des tuyaux pour un éventuel emploi. La bonne blague. Je pense que si l'un d'entre-nous avait la moindre informations, il la garderait pour lui. Et quand à s'entre-aide, grosse marade, encore là. Car si l'un ou l'une d'entre-nous avaient la moindre idée du comment faire pour se sortir de la dèche, il ne sera pas dans ce cercle.

Ce n'est donc pas le cercle des poètes disparus. C'est un cercle de d'emploi. 
Rien que le titre prête à rire et ne prête même pas à confusion. C'est de la connerie pure et simple. Nous sommes quelques 3 millions à en bénéficier. Les bras cassés et ceux qu'on ne reclassera jamais. Nous sommes condamnés à rester chômeurs et insulter d'assistés publics. Cette belle mode lancée par Sarkozy et sa bande de ganster. Cette belle idée qu'il faut toujours des coupables reprise par Hollande. 
A mon humble avis, il n'y a pas de solutions parce que aucuns politiciens n'ont la volonté d'en trouver. Alors espérons que je me trompe. Pour nous tous. Et égoïstement, pour moi.
Parce que oui, je pense à moi maintenant. Après tant de doutes et d'échecs, je me suis replié sur moi-même et j'ai tendance à devenir égoïste. Chacun pour sa geule. C'était déjà le mot d'ordre de beaucoups de gens. Et à présent, c'est le mien. Si je n'avais pas été aussi con, je l'aurais fait mien depuis le début. Mais on est con ou pas. Moi, je le suis. 

Voilà les nouvelles. Je suis à un cercle comme un bon notable. Sauf que je ne suis pas un notable. Je ne suis qu'un chômeur et croyez moi, je le vois comme ça. Tout me le rappelle et même lorsqu'on se retrouve tous ensembles, nous les chômeurs du cercle. Ce n'est pas mon endroit. Ce n'est pas mon clan. Ce n'est pas mon lieu de repos où je retrouve mes amis. Ce n'est pas mon repaire. Ce n'est rien pour moi le cercle. Mais j'appartiens à un cercle.

Alors j'y vais une fois par semaine. Je n'ai aucuns avantages d'y aller. Je n'ai que mes 400 euros de RSA (une fois payer charges et loyers je n'ai à peine pour vivre que 50 euros). Par contre, les travailleurs sociaux, eux, sont payés. Payer à ne rien faire. Comme d'habitudes.

Il paraît que je suis un caractériel. Il paraît que je ne mets aucunes bonnes volontés. Il paraît que je devrais être moins buté. Et bien, je suis d'accord de tout cela. Mais qu'on me paye bon dieu ! Qu'on me donne de l'argent ! Alors j'accepterai de faire toute les conneries qu'on me demandera. Mais si je n'ai rien de plus que mes 400 euros le 5 mai, je peux vous dire que je risque d'être encore moins volontaire encore. Parce que faut pas me pousser trop moi. A présent, je suis un rebelle. Je suis "un Géronimo lorrain". Et pas peu fier de l'être bordel !

Je me rends à mon cercle. Cela me donne l'air d'avoir du travail. Mais je n'y crois pas du tout. J'essaye de faire semblant. Mais cela fait trop longtemps que je fais semblant. Là, je n'en ai plus du tout l'envie. J'ai juste l'envie de vivre comme les autres gens. Mais ça. Ce n'est pas possible. Et comme ce n'est pas possible et bien moi, je fais la gueule et je me rebelle. C'est un peu normale non ? Et en plus, je le dis. Les autres le disent tout bas. Moi, je l'affirme bien haut.

"Pleur Géronimo...". 

Quel espoir puis-je avoir demain même si je me m'en sors ? Ma vie est détruite.
Car même si je m'en sors. Je n'oublierai jamais comment j'ai été traité. Je n'oublierai pas ce qu'une certaine travailleuse sociale, en laquelle j'avais accordé ma confiance et auquel mon coeur avait accorder son amour, m'a dit. Elle m'a retiré tout espoirs. Je n'en ai plus. Je fais semblant.

Voilà le programme. On case les gens dans des cercles. Les bataillons des loosers. Superbe programme. Programme, je vous l'avoue, qui n'a rien d'innovant. Les socialistes ont pondu cette connerie depuis des années. Et si c'est ça, la solution, moi je pense qu'un jour, ça va explosé. Et cela ne sera pas dommage.

Alors j'essaye d'espérer. Peut-être que ce n'est que le début. C'est ce qu'on m'a dit. Il va y avoir de bien belles choses qui m'attendent. Alors j'attends de voir. Je ne demande pas mieux d'y croire. Mais je suis sceptique quand même. Comme je l'écris. Même si je m'en sors -et je l'espère de tout mon coeur- cela n'effacera pas le fait que ma vie est foutue. 

Je ne serai jamais en couple. C'est trop tard. Je ne serai jamais heureux. Sauf un miracle. 
Une situation professionnelle et financière énormément améliorée me redonnerait peut-être le goût à la vie. Oui, peut-être. Je pourrais compenser dans des dépenses en loisirs, le manque d'affection et d'amour que je n'ai plus... que je n'ai jamais eu.

Je me rends à mon cercle, messieurs, dames. 

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